Commentaire de Cauvin
sur L'Odyssée d'une espèce
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Mais je m’aperçois que je n’ai rien dit de l’appareil reproducteur du Mokda
Non ?
consommé de façon séparée, à l’image des organes mâles et moites appelés Neuguaits [...]
Non vraiment ? Bon, d’accord, ce sera pour une prochaine fois.
Autre élément de retour en arrière : Homo Zyva prospère dans le cadre d’une économie de prédation, non de production. Il pille et arrache, mais ne cultive rien. Il s’agit d’exploiter son milieu, le soumettre même, mais pas de le transformer ni de l’améliorer. Zyva n’a pas le sens de la propriété, ou plutôt il vit sur le postulat rigoureusement unilatéral selon lequel « tout ce qui est à moi est à moi et tout ce qui est à toi est... à moi ». A ce sujet l’éducation des petits commence très tôt. Reconstitution : un bébé Homo Zyva accompagné de sa mère pénètre dans un bac à sable. Trois ans tout au plus. Il se dirige droit sur les jouets qui l’intéressent et s’en empare pour aller les remettre à sa mère qui se dépêche de les enfouir dans son grand sac à carreaux rouges. Tranquille. Cette scène est authentique, nous le savons de façon sûre grâce à une étude patiente et minutieuse des empreintes dans le sable. Des restes de seau en plastique vert ont été retrouvés dans le grand sac de la dame. La leçon sera retenue par le petit. Elle est d’autant plus importante qu’à cette époque le bac à sable était la première école de la vie, une sorte d’oasis où affluaient les différentes espèces, avec leurs petits.
Une fois devenu pubère, la pratique sexuelle d’Homo Zyva reste, à l’image de ce parasitisme systématique, marquée par une pure bestialité. Son cerveau n’est pas développé dans la zone de la réflexion, du scrupule et de la vie en société, à l’inverse de la zone correspondant à la satisfaction des besoins naturels. Ceci s’explique très facilement : en dehors de quelques rudiments de maraudage, on sait aujourd’hui que l’éducation des petits chez les Zyvas est réduite à bien peu de chose, en fait rien.
On ne s’étonne donc pas de trouver des traces de massacres d’Homo Sapiens par Homo Zyva, un spécimen toujours solitaire étant pris à partie par un clan déchaîné. Ses chances de s’en tirer ? A peu près nulles. Le scénario macabre est toujours le même. Après une attaque fulgurante menée par un groupe féroce, le Sapiens s’effondre. Il est abandonné, mort, par les autres membres de son propre troupeau qui préfèrent poursuivre leur marche, un regard apeuré en arrière, laissant le Zyva à sa victoire. On a retrouvé dans les territoires occupés par Homo Sapiens des traces d’habitation montrant de véritables fortifications grâce auxquelles ce dernier tentait probablement de se défendre contre les incursions d’Homo Zyva. Ce sont de véritables camps retranchés qui ont parfois été édifiés, sur les emplacements des anciennes zones pavillonnaires.
Mais il est vrai Homo Zyva est capable de tournoyer sur ses fesses de manière assez habile. C’est là sa grande fierté.
Décidément on n’échappe pas à une sympathie spontanée pour son sujet d’étude... difficile de rester objectif quand on consacre des années et même des décennies à un certain sujet, qui devient alors comme un compagnon qui vous accompagne dans votre vie de tous les jours. Un ami. C’est vrai, il n’y a rien à faire, je ne peux pas m’empêcher d’insister sur les aspects sympathiques d’Homo Zyva.
Alors, tous avec moi, car vraiment il faut faire preuve d’indulgence : un grand bravo pour le tourné/retourné sur les fesses !
Les sites archéologiques de la région parisienne permettent de se faire une idée assez précise de ses déplacements à la recherche de nouvelles zones de chasse. Homo Zyva a certainement pu franchir la barrière du boulevard périphérique, pour pénétrer dans Paris.
Paris est le territoire du singe Bobo. C’est une espèce à fesse blanche, qui ne mange que des végétaux et vit en autarcie complète. Le singe Bobo présente une caractéristique intéressante au niveau des chevilles, démesurément enflées. Notons également que cette variété de singe a troqué la liane pour le vélo ; on peut l’observer roulant avec assurance de rue en rue, les cheveux au vent, avec des habits soignés et sur le visage une expression de supériorité indifférente. Homo Zyva s’affiche dans Paris comme un prédateur. Alors le singe Bobo se réfugie en haut des immeubles pratiquement inaccessibles pour les autres espèces. Car il n’aime pas frayer avec les autres habitants de la forêt ou alors d’en haut, bien à l’abri perché sur les branches supérieures de sa forêt. Depuis les cimes lointaines il peut lancer toutes sortes de cris bienveillants en direction des autres espèces, notamment Homo Zyva. La forêt toute entière résonne de ses chants protecteurs.
Mais ne nous y trompons pas. La sollicitude du singe Bobo pour notre Zyva est exactement la même que celle qu’il déploie pour l’éléphant du Bengale, la Baleine bleue ou l’abeille des vertes prairies. Les arguments, l’intonation, l’attirail de communication est le même, mais appliqué à un hominidé plutôt qu’à des représentants du règne animal. C’est ainsi que le Zyva serait naturellement bon mais contraint par son milieu à certains mauvais comportements, victime des affreux pas beaux qui ne veulent pas le comprendre, il-est-pas-méchant-si-on-l’attaque-pas etc... Le Bobo a défendu le Zyva en zoologiste distingué, protecteur des animaux, et cela, comble de l’ironie, du haut de sa singitude ricanante.
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