Commentaire de Christian Delarue
sur L'économie, les économistes et la démocratie


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Christian Delarue Christian Delarue 26 septembre 2009 23:21

Les vertus oubliées de l’activité non marchande

L’intro ici prise sur le MONDE diplo de nov 2008. Des articles scientifiques ailleurs.

Avec un titre barrant sa « une », « Le capitalisme aux abois », The Economist (18-24 octobre 2008) s’inquiète du retour en vogue des nationalisations dans la sphère bancaire du monde capitaliste développé. Au passage, le célèbre hebdomadaire britannique rappelle que, depuis sa naissance, le combat contre de telles aberrations est sa raison d’être. Dans un éditorial exceptionnellement long, il s’attache à démontrer que cette appropriation publique « pour la bonne cause » (sortir les banquiers de l’ornière où ils sont tombés) ne saurait durer. Avec angoisse, il en appelle à porter l’« importante bataille intellectuelle » pour la défense du libéralisme et contre les « arguments populistes » au niveau adéquat. Et The Economist de lancer ce SOS idéologique : « Les arguments en faveur des solutions du marché pour la santé et l’éducation, par exemple, risquent d’être avancés avec moins de conviction, et d’être écartés. » Le diagnostic est réaliste. En ces temps de déroute économique, les voix prônant l’extension des fonds de pension indexés sur la Bourse se font rares. La crise systémique, qui ébranle l’économie mondiale, montre que le retour de services publics dans le giron privé peut être périlleux. A contrario, l’extension de la sphère non marchande devient d’une brûlante actualité. Dans ce contexte, le besoin de renouveler les outils conceptuels n’est que plus urgent. Faisant un détour par John Maynard Keynes et par Karl Marx, Jean-Marie Harribey s’attache à déconstruire les idées banalisées du libéralisme, telles que « c’est l’activité marchande qui paie le non-marchand », ou encore « c’est le consommateur qui crée la valeur ». En renversant complètement les données (autrement dit, en remettant ces idées sur leurs pieds), il montre, par exemple, que « les travailleurs des services non marchands produisent le revenu qui les rémunère ». L’économie n’est pas un jeu à somme nulle où ce que produit l’un est pris sur l’autre. Et la richesse socialisée n’est pas moins richesse que la richesse privée, au contraire.

Par Jean-Marie Harribey

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