Commentaire de gael
sur Ce n'est pas parce qu'ils n'en ont rien à foutre qu'on va se priver de leur donner notre avis !


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gael 3 octobre 2009 20:13

Ce qui est commode chez vous, Monolecte, c’est qu’avant de vous lire, on vous a déjà lue. Voici, dans l’ordre, et à quelques nuances près, ce qu’a votre prose à offrir : un couplet larmoyant sur la lutte des classes à faire pleurer d’émotion les anciens du PC, un tableau quelque peu, comment dire, manichéen du paysage politique, trois lignes de fond pour nous expliquer dans le détail avec moult arguments pourquoi nous vivons déjà tous en enfer et, pour finir, un beuglant appel à la grève, la manifestation, le mouvement de masse dans son incarnation la plus irréfléchie, la plus grasse et la plus stupide.

Monolecte, c’est tout ça, et plus encore. Car bien que vous vous en cachiez, votre plume sue le populisme par toutes les virgules, et comme tout populiste, vous appelez à la haine de l’autre, l’autre étant, comme toujours, une entité purement néfaste aux contours mal définis, passant chaque minute de chaque à jour à inventer de nouveaux moyens de vous nuire à vous, cher auditeur. Cet autre, c’est le juif (ou le sioniste, version XXIè siècle Dieudonnéisée), l’arabe, le capitaliste, le gauchiste, le raciste, le capitaliste, voire, comble de l’ironie, le populiste.

Votre autre à vous, Monolecte, c’est le grand patron, le libéral, l’homme politique de droite ; ces trois lascars, cul et chemise comme en colonie de vacances, se partageant le gâteau France avec une immense pelle à tarte aux dents pointues, sous le regard complaisant des journalistes forcément coupables de ne pas partager votre opinion. Votre autre à vous, bien sûr, n’a pas les doigts crochus, il est trop subtil pour cela. Quoique : il roule en BMW et porte ostensiblement une Rolex à chaque poignet.

L’autre vous hait, bien sûr, c’est bien pourquoi il faut le haïr en retour. Et pour le persuader au lecteur, vous usez d’une formule qui a fait ses preuves : prêter subtilement et plus ou moins directement à l’objet de votre diatribe des propos qu’il n’a jamais tenus, censés refléter l’opinion profonde qu’il porte à l’égard de la classe dont vous vous revendiquez. Des exemples ? À la pelle :

- « on leur intime l’ordre de bien vouloir subir en silence, en fermant cette grande gueule prolétaire »
- « alors, tu préfères quoi, petit peuple ignare »
- « lubrifiant (...) pour singulièrement élargir ton petit point de vue trop étroit »
- « Ton Europe, tu la veux méchamment libérale ou totalement et libéralement débridée ? »

Sous l’apparence du cynisme, de la lucidité désabusée, vos articles ne sont rien d’autre que de la manipulation. Travaillant sur le registre de l’émotion, ils cherchent à déclencher chez le lecteur une réaction épidermique de rejet ; à l’analyse, seul le style, donc, reste amusant... Et encore.

N’oublions pas la tonne de liens destinée à drainer du trafic plus ou moins directement sur d’autres sites et articles rédigés par l’auteur (via les clics directs et le référencement), qui transforme AgoraVox en page « Nos partenaires », et le tableau est complet.


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