Commentaire de michel naud
sur Le Monde dérape sur le nucléaire


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bright nantes michel naud 19 novembre 2006 09:34

Si je reformule le point de vue défendu par l’auteur de l’article, l’éditorialiste du Monde aurait tout faux puisque pour faire face au dérèglement climatique il préconiserait « plus de science » et « plus de nucléaire ». L’argumentaire de Stéphane Lhomme, comme il le résume dans son post du 18 novembre à 10h08 est :

1) le nucléaire est marginal sur la planète (bien que son danger soit maximal) 2) Le nucléaire va rester marginal, il n’a aucune perspective de croissance, et il est même condamné au déclin.

Et, si nous ne croyons pas les argumentaires des antinucs il nous invite à consulter les informations qu’il nous donne à savoir les prévisions de l’AIE (voir le lien donné dans son article) sur la part de l’énergie d’origine électronucléaire qui devrait aller en déclinant à l’horizon 2030 (de 6% à 5%).

Je voudrais m’abstenir de porter des appréciations morales mais j’ai bien du mal à éviter d’écrire que cette argumentation me semble totalement malhonnête.

Bien évidemment l’affirmation selon laquelle le danger du nucléaire est maximal est totalement fausse. Pour ne pas lasser les lecteurs de post interminables je vous invite à lire en ligne ce numéro de l’antenne de nantes de l’association française pour l’information scientifique http://afis44.free.fr/anais21.htm sorti en mai dernier. Je me permettrai de rajouter que ce qui me sidère, c’est qu’à chaque fois que je tombe par hasard, comme aujourd’hui, sur une nouvelle production antinuc je fais le test avec Google Actualités de rechercher (classés par date) sur le thème « morts mines de charbon » ... et il n’y a pratiquement pas de jour où l’actualité ne nous ramène pas des morts par dizaines ... dans l’indifférence des fondamentalistes de l’écologisme antinucléaire ! certes ce sont en général des morts chinois, plus rarement des polonais ou d’autres européens orientaux... mais je ne cesse d’être scandalisé du discours antinuc sur la sécurité, non seulement parce qu’il est objectivement faux, mais parce qu’il témoigne d’une myopie sélective humainement inacceptable.

D’autre part, j’ai quand même fait l’effort d’aller lire le document qui nous est présenté en lien ; oui bien sûr la part du nucléaire va baisser en pourcentage dans les prochaines décennies ... mais pourquoi ? la réponse est donnée dans le document en raison de la croissance colossale attendue de l’utilisation de l’énergie d’origine fossile (pétrole, gaz, charbon), notamment dans les zones à fort développement économique (et on rencontre de nouveau au passage les mineurs chinois) et en raison ... des succès des lobbies antinucléaires qui ont réussi dans plusieurs pays à faire engager un mouvement de désengagement ... il n’y a évidemment aucune « condamnation » à un déclin ... il y a un recul relatif dont il n’y a aucune raison de se réjouir (sauf le lobby antinuc bien sûr) et il ne dépend que de nous d’inverser enfin la tendance.

Contrairement à Stéphane Lhomme et ses amis, je considère qu’à ce jour et à un horizon prévisible, il n’est pas de source de production d’énergie en quantité adaptée aux besoins de la collectivité humaine qui réponde mieux aux besoins exprimés d’un développement durable que l’électricité d’une façon générale, et d’origine électronucléaire en particulier. Une fois encore, reportez vous au lien sur l’antenne de nantes de l’association française pour l’information scientifique http://afis44.free.fr/anais21.htm.

James Lovelock, le célèbre écologiste inventeur du concept de la « planète Gaïa », écrivait dans Le Monde, lui aussi, le 1er juin 2004, en défendant que le nucléaire lui semblait la seule solution écologique : « Je suis moi-même écologiste et j’implore mes amis engagés dans ces mouvements d’abandonner leur opposition butée. » . Il semblerait que Stéphane Lhomme et ses ami(e)s ne l’ont pas (encore) entendu.


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