Commentaire de Tang
sur Les porteurs de prénoms musulmans sont-ils discriminés à l'embauche, et pourquoi ?


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Tang Tang 7 mai 2010 22:38

Il n’y a pas longtemps,sur France 2, “Les Infiltrés”, l’émission de David Pujadas réalisée en caméra cachée, nous révélait la France des beaufs, des agents immobiliers et des recruteurs qui ne veulent pas de noirs, d’arabes, de femmes et de vieux et qui, heureusement, vivent maintenant sous la menace permanente de la Halde. 

On me dira qu’il ne s’agissait pas là de fictions mais d’enquêtes de terrain. Et on le sait, le terrain ne ment pas. Les gentils salafistes et leurs fantomettes existent tout autant que les méchants discrimineurs. Seulement, la réalité n’est pas une somme de faits, aussi vrais soient-ils. 

Pétri de bonnes intentions, Roselmack se fait balader sur la face visible de l’iceberg. Il nous montre une minorité hors-sol qui, comme le dit un des jeunes, ne deale pas, ne vole pas et se contente de vivre à l’écart du reste de la nation, tout en essayant de ramener le plus possible de brebis égarées dans le droit chemin. Mais sur les conséquences de cette conception pour le moins singulière du vivre-ensemble qui recrute un nombre croissant d’adeptes – y compris parmi les “de souche” ce qui devrait faire litière de toute lecture ethnique ou raciale -, silence radio. Que pensent ces bons garçons de ceux qui au nom d’une conception aussi littérale de l’islam que la leur, prétendent soumettre, en plus de leurs femmes, filles et sœurs, les juifs et les croisés ? On apprend simplement que lorsque le sympathique imam a traité, dans un prêche, Ben Laden d’assassin, la mosquée s’est vidée. Et quand on lui demande ce qu’il a ressenti le jour où il est devenu français, il répond : “Je suis fier d’être musulman”. Chacun pense ce qu’il veut, on est en République, non ? 

En face, ces recruteurs et ces logeurs qui acceptent à mots couverts d’éliminer les candidats trop bronzés ou trop vieux ont tout des parfaits salauds. “Tu fais du business, pas du social”, lance le patron d’une agence immobilière à sa fausse stagiaire et vraie journaliste. On ne sait pas combien d’agences d’intérim l’équipe des “Infiltrés” a dû tester avant de tomber, un peu plus tard dans le reportage, sur le dérapage incontestable – le type qui accepte de ne sélectionner que des gars bien de chez nous, tout en précisant que c’est du off, il connaît les risques. On aurait surtout voulu savoir comment ces chefs d’entreprise ou ces propriétaires sont devenus des discrimineurs patentés : est-ce le fruit d’expériences malheureuses qu’ils ont assurément le tort de généraliser, de besoins spécifiques qui pourraient leur faire préférer, par exemple, un jeune à un vieux, ou d’affreux préjugés, racistes, mais aussi sexistes et âgistes, qu’ils partagent avec le reste de leurs concitoyens ? De cela, on ne nous a pas dit un mot. Trop compliqué sans doute. 

On comprend au passage que toute préférence peut constituer une discrimination passible d’une amende de 100 000 € et d’une peine d’emprisonnement de cinq ans. 

Ce face-à-face involontaire et cathodique entre notre sombre passé et notre avenir radieux devrait nous rendre optimiste. Quand nos aimables fondamentalistes seront plus nombreux que nos vilains racistes, tout ira pour le mieux.


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