Commentaire de Krokodilo
sur Les porteurs de prénoms musulmans sont-ils discriminés à l'embauche, et pourquoi ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Krokodilo Krokodilo 7 mai 2010 23:41

Intéressant article en ce sens qu’il pousse à réfléchir sur un sujet complexe, et qu’il rappelle ce que les laboratoires pharmaceutiques nous ont bien appris... à quel point les analyses statistiques et autres enquêtes doivent faire l’objet d’une vérification de leur qualité avant d’être crues et prises pour vérité scientifique !

« Par ailleurs , une société multiculturelle est vouée inéluctablement à l’échec , et aboutit à la libanisation d’un pays : il se forme des ghettos monoculturels juxtaposés ( comme en Grande Bretagne ) »

Je le dirais différemment : toutes nos sociétés modernes sont multiculturelles, du fait des migrations de population bien plus nombreuses que dans une société primitive type Aborigènes, Amazonie, Indiens des plaines d’autrefois, et d’ailleurs celles-ci devaient trouver des modalités sociales pour éviter la consanguinité (parfois enlèvements plus ou moins officiels), ils avaient instinctivement trouvé que la diversité biologique et le croisement génétique étaient favorables à l’espèce humaine. Après quoi peut se forger une identité culturelle commune, en sus des origines diverses. Nous n’avons pas une identité unique, mais plusieurs facettes.
Je comparerais ça à un chaudron dans lequel le ragoût mijote à mesure qu’on lui apporte des éléments nouveaux, sauf que ça fonctionne en permanence.
Mais je crois la souplesse plus efficace que la contrainte légale sur des prénoms, car une famille peut tenir à garder dans le prénom une trace culturelle de ses origines, ça ne veut nullement dire qu’ils feront de mauvais Français.
Dans le Nouvel obs du 19 avril, il y avait un intéressant dossier « Comment ils sont devenus français », qui raconte l’histoire familiale de plusieurs Français célèbres d’origine étrangère. Du coup, après avoir lu ton article, j’ai vérifié leurs exemples, les parents des huit semblent avoir choisi des prénoms qui sonnaient local, ce qui va dans le sens de ton article : Marc Chagall, Blaise Cendrars, Guillaume Apollinaire, Serge Gainsbourg, Sylvie Vartan, Michel Drucker, François Cavanna, Yves Montand.

En outre, comme l’a dit un commentaire, il serait bien difficile de déterminer quels sont les prénoms officiellement français, et les autres, surtout après avoir libéralisé les prénoms en tout genre il y a qq dizaines d’années – sauf ceux manifestement préjudiciables à l’enfant.
Et une obligation légale serait ressentie comme une humiliation, une francisation musclée et imposée par la force, dans le noble but d’éviter une discrimination ultérieure à l’embauche, ce qui revient à obliger la victime à s’adapter au délit !
Il paraît évident que l’immigration arabe semble plus difficile à intégrer que les différentes vagues du passé récent, espagnols, portugais ou Italiens, inutile de le nier, mais on peut remarquer que les communautés asiatiques, quoique faisant moins l’actualité ou le débat, demeurent tout aussi communautaires, voire davantage.
A mon avis, la xénophobie est instinctive au départ, basée sur des réactions animales de défense, de méfiance (d’où la force de la célèbre phrase de Le Pen sur les préférences hiérarchisées), alors que le sentiment culturel national, les Lumières, la laïcité, l’identité française, chrétienne ou pas, procède d’une réflexion et d’une intellectualisation plus grande du sentiment d’appartenance ; mais pour cela, il faut réfléchir ! C’est d’ailleurs pareil pour le sentiment européen, loin d’être une réalité intime....


Voir ce commentaire dans son contexte