Commentaire de krolik
sur Tchernobyl sur Seine


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krolik krolik 20 septembre 2010 14:23

@Boris,
Pour étayer un peu ce que vous dîtes sur le thème « vodka et Tchernobyl »..

J’ai un bon ami, Léonid, qui est un très bon physicien à l’institut de recherche nucléaire Kourtchatov à Moscou et cela depuis 30 ans. Lorsque l’explosion de la centrale s’est produite, il a été requis avec son équipe pour développer une caméra de gammaspectrométrie. Pour la mettre sous un hélicoptère et aller détecter les emplacement des plus gros morceaux du réacteur et les récupérer. En trois jours ils ont fabriqué la caméra.

Au passage je vous signale que de telles caméras existent en France et sont en alerte permanente. Et que c’est avec ces caméras que la France est allée localiser les matériaux nucléaires développés par Saddam Hussein à l’issue de la première guerre du Golfe en 1991.
Mais revenons à Léonid. Avec son équipe il arrive à Tchernobyl. Il faut monter la caméra sous un hélicoptère. Le problème c’est que la caméra a été développée en 50Hz et que les hélico c’est du 400 Hz, nouveau bricolage avec les moyens du bord. Enfin cela fonctionne, Léonid monte dans l’hélico avec le pilote. Beaucoup de bruit dans l’hélico, il discute avec le pilote par un casque radio. A 300 mètres d’altitude il demande au pilote de faire un « point fixe » pile au dessus du réacteur éventré pour prendre ses repères avec la caméra. Il demande au pilote de s’arrêter, mais le pilote répond qu’il ne peut pas, qu’il a peur.. Retour au sol. A ce moment ils voient arriver un équivalent jeep, un général en descend. le général a suivi la discussion à la radio.
Et sur le champ il destitue le pilote de ses galons. Le pilote qui a eu peur est indigne de l’Armée Rouge ! Il faut trouver un autre pilote.
L’URSS avait fait revenir d’Afghanistan des hélicoptères pour commencer les bombardement du réacteur éventré avec du plomb, du sable.. La caméra est montée sur un de ces hélicoptères, encore équipé avec ses mitrailleuses. Le pilote qui en a vu d’autres ne se fait influencer par un malheureux foyer en chauffe ! Le point fixe en fait, l’image est bonne, exploitable.

Le pilote dit : il faut fêter cela ! Mais le problème c’est qu’à Tchernobyl éventrée il n’y a pas de vodka à boire. Alors le pilote dit : Je connais un « gastronom » pas loin en Biélorussie où ils vendent de la vodka.
Et le pilote de remonter dans son hélicoptère. Il arrive à l’endroit prévu. Rentre dans le magasin et tombe sur une bonne femme « chien de garde ». « Pour la vodka, c’est fermé, revenez dans quatre heures, ce sera ouvert ». Le pilote est remonté dans son hélico et est allé faire un point fixe juste au-dessus du magasin, il a regretté de ne pas avoir de munitions pour une mitrailleuse ! Et cela jusqu’au moment où le « chien de garde » est sortie en levant les bras au ciel, elle se rendait. L’hélico est rentré avec 10 bouteilles de vodka à Tchernobyl, et ils ont fêté cette victoire sur l’adversité.
Lorsque mon ami Léonid vient à Paris, je l’invite au restaurant, et je lui demande qu’est-ce qu’il veut boire ?
Trois double whisky dans un grand verre ! La serveuse de me dire : Vous deviez prendre une bouteille ça vous reviendrait moins cher.
Difficilement inventable tout cela. Mon ami Léonid est un « liquidateur », pour l’instant sa santé parait « bonne ». Mais le pilote de l’hélicoptère et les collègues ? ? ? ? S’ils sont morts, on les classe sur le chapitre « irradiation Tchernobyl » ou sur le chapitre « alcoolisme invétéré » ?


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