Commentaire de Maldoror
sur Après 16 ans de mondialisation et 10 ans d'euro : près de la moitié des Français s'estiment pauvres ou redoutent de le devenir !


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Maldoror Maldoror 17 octobre 2010 13:58

Voici les résultats de votre fabuleux modèle allemand champion des exportations, miroir aux alouettes qui révèle les imposteurs :


Le problème de la stratégie allemande au sein de l’Union Européenne est aujourd’hui posé. Cette stratégie est  aujourd’hui en train de déséquilibrer durablement les pays du  « cœur historique » de l’Union et correspond à l’application d’une véritable stratégie d’exploitation de ses voisins (appelée en langage économique « stratégie du passager clandestin »). Ce pays a tout misé sur sa capacité à exporter, un choix dangereux qui désormais le met à la merci des fluctuations de l’économie mondiale. Aujourd’hui déficitaire vis-à-vis de la Chine, l’Allemagne est obligée de se concentrer sur l’Union européenne (voir Annexe) car sa balance commerciale avec les pays émergents est en train d’être déficitaire.

Ceci reflète l’effet de la politique fiscale allemande qui, en 2002, a décidé de transférer massivement les  charges patronales sur la fiscalité pesant sur les salariés  et la population. À travers l’application de cette « TVA  sociale  », l’Allemagne a réalisé l’équivalent d’une dévaluation de 10% au sein de la zone Euro qui avait été conçue pour éviter en principe ce type de stratégie.
Il faut noter que cette politique allemande de compression des coûts unitaires du travail n’a été possible que parce que les autres pays n’appliquaient pas une politique similaire. L’Allemagne n’a pu se permettre une telle politique que dans la mesure où ses voisins faisaient l’opposée. Si tout le monde avait pratiqué la même politique de contraction du coût réel du travail, l’Europe aurait été plongée dès 2003 dans une terrible dépression. Le gouvernement allemand doit donc être mis devant ses responsabilités. C’est lui qui a pratiqué une politique de « Passager Clandestin » et qui a rompu le pacte Européen le premier.


les excédents allemands sont régionalement concentrés. Ils sont réalisés pour les trois-quarts sur les pays de l’Union européenne. Enfin, et ce point est aussi important que les deux autres, on s’aperçoit que l’Allemagne est en déficit vis-à-vis de la République Tchèque, de la Slovaquie et de la Hongrie. Pourtant, ces pays sont en retard économiquement, et ne produisent pas de matières premières. Ici, ce que nous voyons, c’est le processus du basculement du Made in  Germany vers le Made by Germany. L’Allemagne délocalise massivement la production des sous-ensembles industriels chez ses voisins  immédiats de l’Europe Centrale et ne conserve que l’assemblage  final, vendant alors aux autres pays des produits qui incorporent  l’effet des productions à forte productivité mais bas coûts des sous-traitants.


Ainsi peut-on comprendre pourquoi il n’est pas contradictoire de dire dans la même phrase que l’Allemagne s’affirme comme exportatrice  de biens industriels et qu’elle se désindustrialise. L’évolution des chiffres de l’emploi industriel en Allemagne confirme cette tendance d’une désindustrialisation du pays. Socialement, ceci a pour effet de  faire baisser relativement, mais aussi parfois de manière absolue,  les salaires ouvriers et employés. L’Allemagne va peut-être bien, mais sa population vit de plus en plus mal, à l’exception du 1% le  plus riche


Avec plus de 12% du revenu national, ce 1% le plus riche a même dépassé le niveau historique de la fin des années vingt et du début des années trente et se  rapproche dangereusement des niveaux qui avaient été atteints en 1936 et 1937 du temps du nazisme. 


Les travailleurs allemands ont été les premières victimes de cette politique. Mais, ils entraînent à leur suite les travailleurs des principaux pays européens.


http://horizons.typepad.fr/accueil/2010/10/lallemagne-un-problme-pour-leurope-par-jacques-sapir.html#more


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