Commentaire de docdory
sur La photo de DSK menotté : le pilori américain avant jugement


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docdory docdory 17 mai 2011 16:00

Cher Paul Villach

Bien que n’ayant pas trouvé les données précises concernant l’état de New York, il semble bien que, aussi incroyable que cela puisse paraître pour nous français, les procureurs ( districts attorneys ) soient élus dans la majeure partie des états des USA. Il en est de même pour de nombreux juges, et aussi pour de nombreux chefs de la police qui sont, soit élus, soit désignés par le maire, et donc soumis à un élu.

En tant qu’élus, s’ils veulent pérenniser leur gagne-pain, ils doivent songer sans arrêt à leur réélection.

Il faut donc voire cette photo, et surtout la vidéo dont elle est tirée, avant tout comme une publicité électorale.

En effet, aussi bien les districts attorneys et les chefs de la police doivent montrer leur efficacité sans faille et leur sévérité intraitable, s’ils veulent avoir une chance d’être réélus.

Autrement dit, pour le procureur et le chef de la police locale, cette photo est l’équivalent des photos que l’on voit dans les journaux régionaux, dans lesquels ont voit un pêcheur à la ligne exhiber devant l’objectif une énorme carpe de 40 kg , voire un silure de 2 mètres de long !

Une aussi belle prise ne manquera pas de susciter l’admiration des électeurs et de faire grimper la cote du procureur et du chef de la police de 10 points dans les sondages ! Selon un commentateur télévisuel hier , il semble même que l’on prenne grand soin de prévenir les journalistes de l’heure d’arrivée du suspect menotté . En effet, l’image , vue et revue à la télévision , est une formidable publicité électorale gratuite pour le procureur et le chef de la police.

Pour nous , français, l’idée de juges et de policiers élus paraît extravagante ( bien qu’il y ait des juges élus au tribunal des prud’hommes.)

Ceci a des conséquences non négligeables :

- la justice américaine s’intéresse beaucoup plus aux victimes qu’aux coupables, c’est bien plus payant électoralement

- les peines prononcées sont souvent d’une sévérité sans commune mesure avec celle des décisions de la justice française. 

La justice française, ou celles d’autres pays européens, a , si l’on peut dire , le défaut inverse : un bon nombre de juges , qui ne risquent pas de subir de conséquences défavorables de leurs décisions, libèrent bien avant la fin de leur peine de monstrueux criminels ( cf la libération anticipée récente de la femme à Dutroux par la justice belge ). Par ailleurs, cette mansuétude extrême des juges non élus, qui leur est parfois dictée par des raisons idéologiques, a pour conséquence indirecte l’institution par le pouvoir législatif de peines plancher, les citoyens ne supportant plus que certains délinquants ne fassent de la prison ferme qu’après de trop nombreux délits.



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