Commentaire de Frédéric Mahé
sur Cannibale de Rouen : la prison, asile d'aliénés


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Frédéric Mahé Frédéric Mahé 11 janvier 2007 16:16

Arrêtez, vous ne connaissez pas la situation en H.P. : c’est la cata ! Moins de lits, moins d’infirmiers(ères), moins de psychiâtres, un budget taillé à la serpe pour que l’hôpital « arrête d’être non-rentable », et tout ce genre de conneries. L’an dernier, une infirmière se faisait décapiter à Pau par un ancien détenu... pardon, patient. Pas de sécurité, plus de prise en charge possible au long cours, etc., voilà le résultat.

L’H.P. est plus cher par ce qu’on n’exploite pas les malades d’une part (alors que dans les prisons, quand on fait travailler les détenus, on les exploite sans vergogne, c’est super pour donner une bonne idée de la réinsertion), et d’autre part, parce qu’il y a des soins, alors qu’en prison, pour avoir un dentiste, ça prend six mois d’attente, et on paiera le dentiste une misère.

En fait, les prisons et les hôpitaux psychiatriques nous tendent le miroir de notre société. A savoir, si on n’est pas un bon citoyen consommateur et docile, on est carrément exclu du monde des vivants : plus de droit de vote dans le cas des prisonniers, enfermement, plus de réinsertion, plus aucune confiance.

Sur un autre fil, je lisais une proposition d’un commentateur, qui suggérait de rendre inéligible à vie tout élu pris à commettre un délit. On n’est plus dans une logique de proportion entre la faute et la punition, on est dans le zéro-défaut : un écart et c’est l’exclusion définitive et permanente.

Je fais également le lien avec les fameux « SDF », dont la faute est de ne pas avoir de domicile fixe (d’ailleurs, « SDF » est une dénomination policière, ce qui n’est pas indifférent) : fatale erreur, ils n’existent plus socialement. La preuve, il faut monter de toute pièces une opération médiatique pour qu’on les voie.

Notre société resserre chaque jour un peu plus ses limites (ses frontières ?) : les riches repoussent les moins riches, les moyens repoussent les pauvres, les centres-villes repoussent les banlieues, et tout le monde « socialisé » repousse les « socialisés imparfaitement ». Sans pitié ni retour.


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