Commentaire de perlseb
sur De l'or à l'euro, de l'euro à l'horo : plaidoyer pour une monnaie et une finance travaillistes


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perlseb 21 septembre 2011 19:33

Il y a du très bon et du moins bon.

Une monnaie horaire implique beaucoup, énormément de choses. Tellement, qu’elle risque malheureusement de dissuader beaucoup de gens qui espèrent un jour se la couler douce sur le dos des autres ... un jour, quand ils auront réussi (l’espoir fait vivre et permet une plus grande soumission : la devise du monde d’aujourd’hui est « inégalité, espoir, soumission » ou l’antithèse de la devise de notre république).

Par exemple, d’où vient la taxation des revenus du capital ? Si la monnaie est horaire, il n’y a plus de notion de capital. De même, si l’on pousse la logique un peu plus loin, la monnaie horaire s’accommode très mal de la propriété privée de l’immobilier. Avec une monnaie horaire, nous devrions tous être locataires de la nation qui nous héberge, et recevoir le loyer médian en échange (forme de revenu universel, positif ou négatif suivant la qualité du logement que nous occupons). Mais personne ne pourrait être propriétaire réellement, car on a beau travailler dix mille vie, on n’agrandit pas la Terre pour autant.

Une monnaie horaire suppose d’abord un référencement exact de tous les procédés de fabrication connus. Elle permettrait ainsi de fixer le prix des biens en fonction de l’usine qui les fabrique (amortissement de l’usine inclus, bien entendu). Il y a plusieurs façons de fabriquer la même chose, mais certaines sont plus productives que d’autres. Ce qui veut dire qu’un bien pourrait coûter un prix différent selon qu’il est fabriqué de façon artisanale ou industrielle, à qualité équivalente.

Mais ces différences de prix entre biens équivalents seraient aussi un formidable moteur de l’efficacité globale (soit tout le contraire de notre système à obsolescence programmée). En fait, les investissements sont acutellement faits par des capitalistes selon les connaissances qu’ils ont des domaines où ils travaillent, leur réputation, leurs possibilités de lobbying... Avec un système horaire, plus de capitalistes et de système pyramidal inefficace. Les investissements seraient décidés démocratiquement et scientifiquement pour que les choses demandées le plus fréquemment soient aussi celles sur lesquelles on fait diminuer le plus le travail horaire. L’ordre des investissements à faire (ou à ne pas faire !), dans une société civilisée, est presque mathématique.

Ensuite, bien évidemment, pour permettre le remplacement de la loi de l’offre et la demande, avec une monnaie horaire, il faut une estimation précise de ce qu’il faut produire. Autrement dit, la production doit être planifiée par la demande individuelle (consolidation de commandes individuelles à venir). Notons que chacun pourrait décider de travailler plus ou moins en fonction de ses besoins (plus s’il veut plus). Mais en contre-partie, il devrait être capable d’effectuer un travail qui est demandé par l’ensemble de la collectivité, ou capable de se former à un tel travail. La loi de l’offre et de la demande serait donc remplacée par la loi de la demande et de la formation continue pour s’adapter à cette demande.

Je trouve très bon votre système de rémunération des « inventeurs » ou « scientifiques » (s’apparente à une rémunération par vote, par l’intérêt réel). Quelque part, on devrait généraliser cela au cinéma, à la musique, au sport,... Il faut permettre à tous de pratiquer librement le sport qu’ils veulent, de tourner des films (mise à dispo de matériel,...) de faire de la recherche (mise à dispo de laboratoires)... Car on s’apercevrait qu’en travaillant 7h par semaine (avec un niveau d’instruction suffisant), on peut tous manger et se loger décemment. Et beaucoup auraient des passe-temps qui redonneraient un bénéfice immense à la collectivité. A comparer avec notre société de cachotterie (brevet, propriété intellectuelle, droits d’auteur,...).

Si l’on référençait exactement le nombre d’heures qu’il faut pour construire un logement décent, le nombre d’heures que l’agriculture industrielle met pour nous produire notre alimentation toxique, il faudrait immédiatement demander des comptes à ceux qui veulent nous imposer plus de 30h hebdomadaires, car avec ce système de salariat, on est ignare des procédés de fabrication et de la valeur de ce que l’on crée. Une monnaire horaire serait formidablement démocratique et mettrait au grand jour tout le processus de création de la richesse, qui nous est masqué pour mieux nous soumettre. Personne ne connait cela globalement d’ailleurs (trop de spécialités pointues).


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