Commentaire de samuel_
sur Théories keynésiennes et protectionnisme


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samuel_ 20 décembre 2011 12:14

 Le keynésianisme est composé de gens qui ont commencé par penser par eux-mêmes, puis qui se sont rattachés à Keynes ou au keynésianisme parce qu’il disait des choses dans lesquelles ils se reconnaissaient, sans pour autant s’interdire de continuer à avoir leur pensée propre qui peut parfois être en contradiction avec ce que disait Keynes. Harrod, Kaldor, Kalecki, Robinson, et autres grands noms du keynésianisme, étaient des gens brillants qui avaient leur propre pensée originale.

 Le keynésianisme n’est pas un ensemble de gens qui se réunissent tous les samedis soirs dans des cérémonies d’adoration de Keynes, et qui ont abandonné l’ambition de penser par eux-mêmes pour se contenter de répéter ce que disait Keynes comme des perroquets, invoquant tel ou tel passage de le Théorie générale de l’emploi et de la monnaie comme un chrétien invoque des versets de la Bible ou un musulman des sourates du Coran, s’interdisant de contredire ce livre qui serait pour eux le Livre.

 Par ailleurs, il est assez périlleux de faire parler les morts. Keynes est mort en 1946, avant donc de voir les Trente glorieuses se dérouler, puis se terminer pour céder la place à la longue période encore contemporaine de stagnation, chômage et crises. Il est mort avant d’avoir vu l’industrie anglaise s’effondrer, le néo-libéralisme de Thatcher prendre le pouvoir dans son pays, le parti travailliste anglais perdre son âme, et internationalement, les dérèglements monétaires, financiers et commerciaux actuels, l’effondrement de l’URSS, et l’émergence de certains pays non occidentaux comme le Japon, puis la Corée du Sud, la Chine, le Brésil.... Que dirait-il de tout ça ? Personne ne sait avec certitude a mon avis.

 Si quand même on lit Keynes, on peut tomber sur des passages où il exprime de l’attachement aux souverainetés des nations : « Les idées, la connaissance, l’art, l’hospitalité, les voyages : ce sont là des choses qui, par nature, doivent être internationales. Mais produisons les marchandises chez nous chaque fois que c’est raisonnablement et pratiquement possible ; et, surtout, faisons en sorte que la finance soit en priorité nationale [...] je suis enclin à croire qu’une fois accomplie la transition que nous vivons, un degré plus élevé d’autosuffisance nationale et un isolement économique entre les pays plus grand qu’en 1914 pourront servir la cause de la paix, plutôt que l’inverse. » (Keynes, L’autosuffisance nationale, in La pauvreté et l’abondance)

 Le Bancor, ainsi que la Charte de la Havanne, sont une organisation des échanges internationaux proposés à la sortie de la 2ème guerre, dans lesquels chaque nation peut faire ses choix de vie, ou poursuivre son chemin de développement là où en est, avec une certaine autonomie, parce que les balances des paiements s’équilibrent automatiquement, indépendamment des choix ou niveaux de développement de chaque nation : avec une telle organisation le cout du travail élevé dans un pays ne nuit pas à l’équilibre de sa balance des paiements, par exemple. Mais une telle organisation n’existe pas aujourd’hui, faute de coordination internationale. Donc en attendant, les nations doivent agir de manière adaptée à ce contexte là.

 La France ne sortira pas du chômage de masse sans avoir recours à du protectionnisme (ce que j’essaie de montrer dans cet billet que j’ai aussi cité ici). C’est à mon avis un fait dont il faut tenir compte et qu’il ne faut pas refuser d’admettre.


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