Commentaire de Mycroft
sur La culture geek


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Mycroft 2 février 2012 13:58

Il est assez réducteur de considérer que la « culture geek » est née en Californie, dans les garages des entrepreneurs.

L’apparition de cette culture est également, en grande partie, due à la séparation active qui a longtemps eu lieu entre les « nerds » (ie les bons élèves) et les cancres (car aux USA, il a été possible d’être à la fois cancre et dans une bonne université, pour peu qu’on joue bien au foot ). Cette exclusion, cette marginalisation des têtes pensante (notamment les têtes pensantes des milieux scientifiques, qui ne permettent pas vraiment de briller dans les diner mondains) a provoqué la création d’une communauté d’exclus. Comme, suite à la 2ème guerre mondiale et à la guerre froide, nos marges de progrès technologiques étaient large, cette communauté étant brillante par définition, son utilité s’est révélé, et ils ont donc techniquement gagné en influence. Mais Cette influence n’est pas l’explication de la culture geek, simplement de sa « popularisation » qui est assez récente. Le fait, en effet, de savoir qu’en général, les « geeks » peuvent se montrer utile fait qu’on les discrimine moins de nos jours (même s’il reste des extra terrestre pour bon nombre). Cependant, l’origine de cette culture est bien plus dans la marginalité. Cette marginalité a pour origine la libéralisation morale des écoles occidentale (ie le fait que, les profs ne pouvant plus faire la pluie et le beau temps, les élèves fassent la loi, notamment les plus populaire, qui sont rarement les bons éléments).

Si la culture geek est clairement scientiste, elle n’est par contre pas particulièrement obnubilé par les principes de libertés (même si certains geek le sont de fait, car on peut être libertarien et geek, ). Les Geeks, en entreprises, sont souvent les premiers à vouloir mettre en place des règles strictes et des restrictions (notamment ceux qui bossent sur la sécurité informatique). Ils sont par contre farouchement opposés aux restriction n’ayant pas une source techniques. J’aprouve vos propos quand vous dites qu’ils cherchent en effet une efficacité croissante dans les domaines du transfert de l’information, je pense que vous vous fourvoyez quand vous dites qu’ils cherchent une liberté maximale de la transmission de l’information. Ils sont bien plus obnubilés par les aspect de logique et de cohérence. Le monde du logiciel libre est en effet un (et seulement un) des aspect de cette recherche d’efficacité et de cohérence. Un geek sait en effet que limiter l’accès à une ressource qu’on peut multiplier à l’infini n’a, du point de vu de l’intérêt collectif, absolument aucun sens. Il lutte donc contre ces restriction. Pas pour lutter pour la liberté, mais pour lutter contre la bêtise.

Vous semblez opposer le geek avec le diplômé. C’est une erreur grave. Le geek est régulièrement diplômé (il y a bien sur des exception) tout simplement parce qu’il est passionné de technique et qu’il réussi donc avec énormément de facilité à surmonter les épreuves académiques, souvent très techniques. Regardez où sont les geeks en écoles d’ingénieur (en France) ou dans les universités (ailleurs), vous les verrez dans le haut du panier.

S’il est vrai que le geek n’est pas particulièrement doué dans les domaines des conventions sociales, ce n’est pas par opposition avec les convention « académiques » mais avec les convention « de la mode ». En effet, le geek ne s’intéresse que très rarement aux effet de mode et aux choses « populaires ». Souvent, ses besoins en matière de simulation intellectuelle sont trop élevés pour que ce qu’il aime puisse plaire à des non geeks.

Au passage, rien (à part peut être sa passion pour les echecs) dans la biographie wikipedia de Peter Thiel ne semble le désigner particulièrement comme « geek ». Comme mécène de chose qui plaisent au geek, à la rigueur (et encore, Facebook ne plait pas aux geek). Votre article n’étant pas sourcé, j’aimerais bien que vous explicitiez ce point.

Au final, votre article, je le crains, est écris sous un prisme subjectif, celui d’un libertarien qui voit dans la culture geek un reflet de lui même. Je tombe sans doute dans le même travers dans cette réponse. Mais il me semblait nécessaire de présenter ce point de vue. Quand on demande a un geek de se définir, les mots qui reviennent sont plus dans le registre du technique (ou du fantastique et du rêve, d’ailleurs, qui est complètement absent de votre article alors qu’il a une part énorme dans la culture geek, dopé aux jeux de rôles, aux mondes virtuels et autre ouvrage de science fiction ou de fantasy) que dans le registre de la liberté. Sauf éventuellement le logiciel libre, qui est finalement assez « encadré » par des règles restrictives (mais bien pensées).


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