Commentaire de Pierre-Marie Baty
sur 28 morts dans un accident de la route : Sont-ils évitables grâce à la technologie ?


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Pierre-Marie Baty 15 mars 2012 13:28

Bonjour,

Les systèmes de positionnement global sont tous basés sur une triangulation entre trois satellites en orbite basse dont la position est connue avec précision.

Le signal GPS, basé sur des satellites militaires américains qui ont été déployés dans les années 80 et dont l’accès a été rendu public, donne la position à 30 mètres près. C’est trop peu pour un guidage efficace sur une voie routière. L’apparente précision de nos récepteurs GPS qui placent la flèche au milieu de la route est simplement due à l’interpolation (moyenne) entre une quantité variable d’échantillons de position.

Le système soviétique GLONASS, dont le déploiement a été interrompu dans les années 90 quand l’Union Soviétique s’est effondrée, mais qui fut repris dans les années 2000, devait théoriquement obtenir une précision de l’ordre du mètre, mais sa couverture actuelle (en nombre de satellites) est insuffisante pour obtenir les performances annoncées sur le cahier des charges... ce qui a d’ailleurs poussé M. Poutine à taper du poing sur la table l’année dernière pour accélérer son déploiement.

On ne peut donc pas compter sur ces systèmes, actuellement, pour obtenir un guidage routier précis. Par contre, la technologie existe pour éviter les obstacles. Un système de ray casting (radar frontal) permet d’évaluer les obstacles et les objets mobiles devant un véhicule, et au minimum déclencher une alarme à destination du conducteur, au maximum corriger de lui-même la trajectoire.

« Trajecter » automatiquement un véhicule sur un parcours sinueux, l’informatique sait le faire. Le contrôle de la vitesse du véhicule est quelque chose de plus délicat par contre, car de nombreux paramètres doivent être évalués afin d’éviter les nombreux incidents qui mènent à la sortie de route. Mais des algorithmes suffisamment renseignés savent aussi le faire avec un taux d’échec acceptable, désormais inférieur à l’expérience humaine.

Reste ensuite le dernier problème qui est celui de l’évitement des obstacles qui ne devraient normalement pas être présents sur le parcours, comme par exemple un enfant qui traverse juste devant la voiture en poursuivant son ballon. Ici, aucune solution n’est pour l’instant aussi efficace que l’oeil humain, qui sait séparer ce qui est « décor » et ce qui est « acteur » en une fraction de seconde. L’informatique sait faire ça, avec une caméra, sur des plans fixes (ce sont les algorithmes de détection de mouvement) ; mais pas encore sur des plans mobiles. Tout l’enjeu algorithmique est bloqué sur ce problème à l’heure actuelle : créer un algorithme de détection de mouvement qui fonctionne alors que le sujet porteur de la caméra est lui-même en mouvement.

On obtient d’assez bons résultats en filtrant par moyennage puis en analysant les dérivées de ces images ; un pic dans la dérivée indiquant une intrusion dans le décor. Mais le taux de réussite n’est pas encore assez satisfaisant. De nombreuses entreprises, et non des moindres (Google, par exemple) y travaillent actuellement.

C’était le point de vue de l’informaticien. Bonne journée smiley

 


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