Commentaire de Jean J. MOUROT
sur Problème de l'orthographe : manque de rigueur, société de consommation ou bout rond ?


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Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 18 avril 2012 13:15

L’importance donnée à l’orthographe a évolué à travers les siècles. Pas plus Rousseau que Montaigne n’en respectait les règles. La dictature de l’orthographe a eu son apogée, je pense, à l’époque de l’école de J. Ferry. Depuis 1968, en gros, on a considéré couramment (ce qui était précédemment exceptionnel) que l’orthographe comme la mémoire était la « science des ânes ».

Aujourd’hui, on se rend compte que bien des textes sont devenus illisibles, faute d’une orthographe correcte. Mais comme l’essentiel est de s’exprimer, les auteurs se moquent de ne pas être lus et ne font pas l’effort de se relire et de se corriger ! Notre orthographe n’est certes pas facile et l’on a plus d’une fois tenté de la réformer ou simplement de la « rectifier » (les correcteurs de Word permettent de se conformer à l’orthographe bien timidement rectifiée selon les recommandations parues au JO de décembre 1990. Mais qui les applique ?)

Comme si les « fautes » d’orthographe ne suffisaient pas à la confusion ambiante, certain(e)s féministes ont inventé la « féminisation » des textes, en les truffant de « e » partout !

Il ne faut toutefois pas mythifier le passé. Les titulaires du vieux Certificat d’Etudes écrivaient certes sans fautes. Mais combien d’élèves d’une génération obtenaient le fameux diplôme ? Et que de temps passé à peaufiner le dressage orthographique au détriment de la réflexion ?

On pourrait aujourd’hui faire un effort pour redonner une meilleure place à l’enseignement de l’orthographe. Encore faudrait-il que les élèves passent un peu plus de temps en classe et qu’on ne charge pas trop les mules avec toutes sortes de matières qui ne sont pas proprement scolaires. On doit tout apprendra à l’école dans un temps scolaire de plus en plus réduit !

J’ajouterai que la place de l’écrit « noble » se réduisant de plus en plus au bénéfice de l’audiovisuel, il sera difficile de redonner à l’orthographe la place qu’elle n’aurait jamais dû perdre.


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