Commentaire de Christian Labrune
sur La psychanalyse est-elle l'autre imposture du XXème siècle ?


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Christian Labrune Christian Labrune 14 juin 2012 00:35

@Abou Antoun
Que le comportement d’un individu s’explique par son passé, c’est une croyance, effectivement, que nous devons sans doute à certains écrivains depuis Rousseau, mais surtout à Freud. Il n’y a pourtant là rien de très évident. Il y a bien évidemment une parfaite continuité du psychisme dans le cours de son évolution : chacun devient autre tout en ayant le sentiment de rester le même, et l’expérience acquise dans le passé conditionne le présent, mais c’est la théorie des névroses qui pose problème, elle est d’un mécanicisme tout à fait impensable puisqu’aussi bien telle expérience refoulée dans l’inconscient, des années plus tard va refaire surface sous la forme d’un symptôme névrotique. Autrement dit, dans l’inconscient, le temps n’existerait plus, et des rouages ou des barres de traction rigides, dans les profondeurs, agiraient hors du temps, comme ceux d’une simple machine outil. Si l’organe de la conscience peut bien être assimilé à une machine, celle-ci ne peut guère ressembler à celles, très rudimentaires, qu’on pouvait voir encore au début du XXe siècle. Vous conviendrez sans doute que le cerveau est un système complexe, régi probablement par les lois de la physique du chaos, lesquelles interdisent qu’on puisse calculer l’évolution du système à long terme. Freud en est resté à Laplace. Il croyait « dur comme fer » à un déterminisme psychique et il n’a jamais renoncé à cette espèce de scientisme naïf alors que toute la science, autour de lui, basculait quand même, avec la relativité et les quanta, dans une conception un peu moins naïve du réel. Je doute que dans vingt ans, on attache encore la moindre importance aux théories freudiennes. Jacques Van Rillaer, au début des années 80, comparait déjà la psychanalyse aux théories phrénologiques de Gall et de Lavater qui enthousiasmaient le gros Balzac et qui n’ont plus aujourd’hui qu’un intérêt anecdotique dans l’histoire des sciences.


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