Commentaire de Éric Guéguen
sur L'empire américain, cette autre Sparte qui s'écroulera (2/2)


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Éric Guéguen Éric Guéguen 9 novembre 2012 14:10

@ taberleroi.

Merci pour ce message.
Je ne partage pas du tout votre point de vue, et je commencerais par vous dire que la recherche des « causes » dont vous parlez ne peut être effectuée que eu égard, précisément, au passé.

Vous déplorez le peuple spolié, la démocratie bafouée, etc., mais ne voyez-vous pas que les conséquences participent des causes ? Que l’on a que ce que l’on mérite ? Honnêtement, et pour être « pragmatique », rendez-vous chez un marchand de journaux. Regardez attentivement l’ensemble des revues disponibles et dites-moi franchement si rien ne vous étonne.

Bilan :
- Vous avez un bon cinquième de journaux féminins (mots croisés, mode, shopping, people, sudoku, météo, pubs et bien sûr l’horoscope de ces dames) ;
- Un autre bon cinquième de journaux auto-motos, voire sport en général (avec les mags football qui gonflent les statistiques) :
- Ensuite viennent les journaux hifi-son-informatique, en pleine expension ;
- Puis les mags people eux-mêmes, sur lesquels je refuse de m’étendre pour ne pas être grossier ;
- Viennent alors les revues sur les animaux (pas moins de dix revues sur les chevaux et les poneys, sisi !) ;
- Ensuite, les grandes nouveautés : Poker, I-Phone ou autres (plusieurs revues pour chaque)...
- Enfin les hebdos et leurs marronniers : L’Express, Le Nouvel Obs, Le Point, Marianne...
- Et en haut à gauche, entre les magazines de cul et Mickey Parade, que voit-on ? 3 revues historiques et Philo Magazine. « 3 », c’est trois fois moins que pour les chevaux et poneys. Est-ce normal ?

Après ce bilan, comment l’interpréter ? Croyez-vous que les buralistes soient dans le coup ? Croyez-vous qu’ils aient été achetés pour spolier le bon peuple, le détourner des réalités, lui vendre du rêve pour mieux l’endormir ?
Non. Le buraliste offre aux lecteurs ce qu’ils souhaitent. Un point c’est tout. C’est la loi sèche et sans âme du commerce. Pourquoi si peu de journaux à contenu... disons... plus sérieux ? Parce que massivement, les gens n’en veulent pas. Idem pour les programmes télé et les ventes en librairie. Et il faudrait que leurs représentants soient plus consciencieux ? Mais pourquoi un Sarkozy serait-il au fait des grands maux de la planète lorsqu’il sait qu’il va être élu majoritairement par des gens qui lisent uniquement Closer, Prima et L’Équipe ? Pourquoi se casser la tête ? Je pense que lorsqu’on a les représentants que nous avons, c’est en amont qu’il faut analyser les choses et se demander pourquoi des imbéciles nous gouvernent. Verdict ? Parce qu’ils sont en majorité élus par des imbéciles. Voilà un propos - vous en conviendrez - qui a le mérite de ne pas être populiste.

Alors, pourquoi l’histoire ? (et je tiens à dire que je ne suis pas historien). Eh bien, de même, pourquoi l’art, pourquoi la littérature, pourquoi la philosophie ? Parce que toutes ces choses nous portent à sortir de nous-mêmes et à nous construire en tant que citoyens.
Vous dites « assez d »histoire«  ? Vous vous étonnez des deux Guerres mondiales ? Mais la connaissance est un effort permanent, un effort auquel rechigne la plupart des gens, or c’est bel et bien la »plupart des gens" qui impriment au futur ce qu’il sera. Que chacun se sorte les doigts. Non ?

La démocratie vit l’instant présent, uniquement l’instant présent. Elle est oublieuse et aveugle, oublieuse du passé, aveugle dans ses attentes. Que l’on commence par résoudre ces problèmes (ce qui prendra du temps inévitablement), et nous pourrons peut-être alors snober l’histoire.

Bien à vous.


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