Commentaire de Indépendance des Chercheurs
sur Anglais à l'Université : la langue qui cache la diversité de la forêt


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Indépendance des Chercheurs Indépendance des Chercheurs 24 mai 2013 12:19

Voir nos articles à ce sujet :
 
 
http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2013/05/23/langue-francaise-et-mondialisation-iii.html

Langue française et mondialisation (III)

Le 23 mai 2013, Les Echos annonce « Anglais à l’université : l’Assemblée donne son feu vert ». Que penser d’un tel vote, intervenu très rapidement pour une question aussi essentielle ? Avec le titre « France : l’enseignement universitaire en langue anglaise fait débat », Le Quotidien du Peuple diffuse une dépêche de l’agence Xinhua qui relève notamment les déclarations récentes de Pouria Amirshahi : « En formant ses élites en anglais, la France envoie un mauvais signal aux pays francophones ». Toute autre est la démarche du blog Sciences2 de Libération, qui dans son article du même jour « Loi Fioraso (1) : le discours de la ministre » reproduit un extrait du discours de Geneviève Fioraso devant l’Assemblée Nationale mais passe sous silence la partie de ce discours concernant l’enseignement de l’anglais. Pourquoi une telle censure de l’information  ? Sur le même blog, l’article suivant intitulé « Loi Fioraso (2) : la réponse de Michel Saint Jean » diffuse un texte de l’intéressé nous expliquant d’emblée que «  l’article de la loi sur l’ESR autorisant d’enseigner en anglais a pleinement joué son rôle d’imbécile utile pour cacher l’essentiel ». Une bien curieuse manière d’opposer entre eux des aspects complémentaires d’une même politique. Pourtant, on est loin de l’époque où quelques laboratoires français « bien introduits » pouvaient s’assurer une certaine primauté en France en envoyant leurs membres aux Etats-Unis afin qu’ils bénéficient des « tuyaux » circulant dans les universités influentes de ce pays. Le développement de la recherche en France et dans les pays européens, la montée des pays émergents et la crise des universités US ont considérablement changé cette situation. A quoi peut servir, de nos jours, de vouloir importer en France coûte que coûte le prétendu « modèle américain » et la langue anglaise comme le fait la Loi Fioraso ? C’est pourtant ce que semble réclamer la FAGE dans sa « Lettre ouverte aux députés et CdP de la FAGE relatifs à la loi Fioraso : les étudiants disent non au conservatisme ! ». Le 23 mai également, La Voix du Nord écrit « L’anglais à l’université n’a pas fait ses preuves à l’étranger ». Claude Truchot y souligne notamment l’existence d’un « marché mondial de l’enseignement supérieur ». Tout est là, précisément : dans la mondialisation du capitalisme et dans la logique de marché, comme nous l’avons exposé entre autres dans nos articles « Langue française et mondialisation » (I) et (II). Peut-on valablement escamoter un tel débat ? Mercredi, Le Parisien claironnait à la une « L’anglais, on ne peut plus s’en passer ». Et page 2, « Sans anglais, point de salut ». Une bien curieuse propagande, qui nous montre d’emblée la photo d’un cours dispensé au Wall Street Institute à Paris. Le site international du Wall Street Institute précise qu’il fut acheté il y a trois ans par la multinationale des médias Pearson, qu’il présente comme « an international media company with world-leading businesses in education, business information, and consumer publishing ». Pearson possède aussi les groupes Financial Times et Penguin ainsi que 50% du Economist. Ce sont précisément des correspondants de The Economist qui assument régulièrement le rôle de rapporteurs des rencontres de Bilderberg. Avec le titre explicite « C’est la langue du business », Le Parisien reproduit des déclarations d’un directeur financier chez Bosch. Il s’agit, en effet, de « business » dans le cadre stratégique néfaste qui a conduit à un flot incessant de privatisations et de délocalisations en France et dans d’autres pays, avec un « endettement » croissant des Etats devenus de moins en moins souverains. La casse du français et celle du patrimoine public, du Code du Travail, de nos standards sociaux... font, tout compte fait, partie de la même opération de vente des meubles.

[la suite, sur le lien http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2013/05/23/langue-francaise-et-mondialisation-iii.html ]

 

et les deux précédents :

http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2013/05/21/langue-francaise-et-mondialisation-ii.html

Langue française et mondialisation (II)

http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2013/02/25/langue-francaise-et-mondialisation-i.html

Langue française et mondialisation (I)

 

Cordialement

Le Collectif Indépendance des Chercheurs
http://science21.blogs.courrierinternational.com/
http://www.mediapart.fr/club/blog/Scientia


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