Commentaire de L’Ankou
sur Pourquoi le mariage homosexuel est-il une imposture ?


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L’Ankou 6 juin 2013 01:48

Et hop ! Encore un ramassis de débilités profondes et rétrogrades.

« Les débats sur le mariage homosexuel ont été concentrés sur la revendication de l’égalité des droits. »
Dans ta tête, mon gars. La vraie raison est la liberté. Pas l’égalité. Ceux qui pensent comme vous sont ceux qui projettent leurs hantises anti-communistes et leur haine de l’égalitarisme sur le gouvernement actuel, qui est juste libéral.

« Or l’égalité républicaine concerne l’égalité des droits individuels et non pas l’égalité des groupes dont notamment les couples, a fortiori non constitués ce qui est le cas des prétendants au mariage républicain. »

Oui. Bon... Les mariages entre personnes de même sexe concerneront deux individus, et pas deux groupes. Votre argument rate sa cible.

« Je ne reviendrai pas ici sur ce qui a été dit et redit : les homosexuels n’ont jamais été exclus du mariage pour la bonne raison que la République n‘a pas à connaitre les orientations sexuelles des individus : le mariage n’a pas été fait pour des couples homosexuels. Donc l’argument d’égalité est déjà en soi une perversion de nos valeurs républicaines. »

Sauf que vous y revenez quand même et que, y reviendriez vous mille fois, ça resterait une connerie. Vous dites que le mariage n’est pas fait pour les couples homosexuels pour pouvoir le refuser aux personnes de même sexe... bref, vous supposez la question résolue comme cela vous arrange pour en tirer les conclusions que cette solution est la seule possible. Partez du principe que le mariage est fait pour tous, vous trouverez la loi normale, ce qu’elle est.

Définissez le mariage comme la liberté (c’est bien une histoire de liberté, j’insiste) de se marier avec la personne de votre choix, et vous verrez que tous n’avaient pas cette liberté. Il est aussi cynique que crétin de prétendre que la liberté d’épouser une personne qu’on n’a pas choisie constitue un droit au mariage.

Au surplus, dire que le mariage est fait pour tous, sans considération de sexe, c’est exactement le contraire que de mêler les orientations sexuelles à l’affaire : si nul n’a plus besoin d’aller vérifier de quel sexe sont les futurs époux, comment voulez-vous que l’orientation sexuel ait une quelconque importance. Au contraire : il perd celle qu’il avait. Ça vous dérangera certainement, mais en attendant, ça démontre que votre raisonnement n’est pas le bon.

Enfonçons le dernier clou : deux personnes de même sexe peuvent parfaitement se marier par intérêt, par commodité ou pour n’importe quelle autre raison, exactement comme les autres. Des amants platoniques de même sexe peuvent se marier sans qu’aucune orientation sexuelle ne s’en mêle. Réciproquement, la sodomie et la masturbation peuvent parfaitement se pratiquer au sein d’un couple de sexes différents, sans que la loi ne s’en offusque. Donc, votre appréciation est juste totalement hors propos.

« Les pratiques sexuelles relèvent de la sphère intime des individus »
Parfaitement d’accord, pour une fois.

« ...même si les plus politiquement correctes et avouables se font à deux. »
La seule chose politiquement correcte, quand on se prétend républicain, c’est de dire que ce qui se passe entre adulte consentants sans lien direct de parenté ne nous regarde pas, quel que soit le nombre et le sexe des adultes. A fortiori, il y a encore moins de raison qu’un officier d’état civil ne s’en mêle.

« Le mariage est une institution qui ignore les pratiques sexuelles »

Vrai !

« ... puisque la République n’a à connaitre en la matière et pour sa pérennité, qu’une seule pratique : la génitalité.

Génitalité vient de génital : relatif à la procréation sexuée. »

Confusion mentale et ignorance du droit ! La procréation se passe de mariage et le mariage de procréation.

Relisez les articles du code civil sur les droits et devoirs des époux et il vous apparaîtra clairement que la sécurité des contrats passe par un tiers avec l’un des époux et la façon dont cela influe sur le patrimoine du couple et les biens propres des époux sont la préoccupation essentielle du législateur. Par comparaison, le respect, la fidélité, le secours et l’assistance entre époux ne représentent qu’une mention marginale dans un article isolé. Et l’obligation de « génitaliser », si c’est comme ça que vous appelez la sexualité entre personnes de sexes différents sans capote ni moyen de contraception avec obligation d’éjaculer uniquement dans le vagin, ne figure évidemment nulle part dans le code civil.

« La génitalité est l’apanage des couples mixtes : seul les couples composés d’un homme et d’une femme sont susceptibles de pratiquer la génitalité, indépendamment des orientations et préférences de chacun des conjoints. » 

Et accessoirement, votre « génitalité » permet à une conception sur deux de se faire hors mariage. C’est dire si l’on est en plein hors sujet !

« La règle n’interdit pas, c’est la loi qui interdit : la déviance concerne la règle, l’interdit concerne la loi. On ne transgresse pas une loi, on la viole ; on ne viole pas une règle, on la transgresse : cela s’appelle une exception. La transgression d’une règle, si elle n’a aucune conséquence néfaste sur autrui ne regarde que le déviant. En revanche, si les conséquences créent un préjudice pour autrui, alors c’est la loi qui dicte le droit. »
J’avoue mon intérêt pour ce point de vue. La pesanteur n’est donc pas une loi de la nature, mais une règle que le génie de l’’homme peut s’employer à transgresser, donnant ainsi naissance à l’aviation, à la mongolfière... etc. Ca me plait bien. Les inventeurs, les génies, les explorateurs sont donc, selon vous, des « déviants » qui transgressent les règles naturelles. Bon... si ça vous amuse de les qualifier ainsi... Moi, ça me plait un peu moins, mais s’il n’y a que ça pour vous contenter...

Ce que j’en retiens, personnellement, c’est que tous les principes naturels n’obligent pas à pondre des lois pour les réaffirmer : la nature se passe très bien du parlement. Les règles naturelles ont leur propre sanction, et aucun loi n’est nécessaire pour sanctionner la chute d’un corps : la douleur physique s’en charge très bien toute seule.

« La règle supporte des exceptions, pas la loi. Le transgresseur d’une loi peut bien ne pas être puni s’il n’est pas pris, mais devoir être puni pour avoir transgressé une loi c’est la règle dans un Etat de droit. »
Vous vous emmêlez les pinceaux, là, non ? C’est la règle ou c’est la loi ? En plus, vous étalez au grand jour votre ignorance crasse de la sphère juridique, qui n’est faite que d’exceptions que la loi elle-même prévoit aux principes généraux qu’elle pose...

« La sexualité est chez l’homme, ce qui remplace l’instinct animal. »

Inexact : les animaux ont une sexualité. Ils n’ont par contre aucun langage verbal structuré qui leur permettrait de faire des lois, ni d’exprimer des promesses ou des sentiments. Par ailleurs, je suis assez persuadé que l’instinct n’est pas totalement absent de la sexualité humaine, mais c’est une affirmation péremptoire que j’aurais du mal à démontrer au pied levé.

« Toutes choses égales par ailleurs, un groupe dénué de plaisir sexuel serait rapidement écrasé en nombre par un groupe qui serait doté de ce plaisir lié à la génitalité. »
Affirmation inconsidérée : Le plaisir de la génitalité, selon vous, ça inclut les douleurs de l’accouchement, ou vous vous contentez de voir ça de votre point de vue de mâle ? Ce qui est curieux, c’est effectivement que le plaisir immédiat du sexe semble primer sur la perspective des souffrances de l’enfantement, sans même parler des boulets d’ingratitude à traîner plus tard, au temps de l’adolescence... Mais pour l’essentiel, pas de quoi pavoiser : la même primauté existe chez les lapins et les cloportes.

« A l’opposé, un groupe tourné vers le seul plaisir et phobique des pratiques génitales déclinerait très vite également. On peut donc soutenir que cette règle qui fait du plaisir un vecteur de la relation génitale s’intègre dans la théorie du darwinisme. »
Oui. Surtout si l’on n’a rien compris au Darwinisme... On eput soutenir aussi qu’une population dotée de raison et dépourvue de prédateur (du moins d’autres prédateurs que lui-même) a plutôt intérêt à réguler sa population plutôt que de crever de sa prolifération inconsidéré. D’où la possibilité d’avoir le plaisir sans la prolifération grâce à de magnifiques conquêtes de transgresseurs de règles naturelles comme la contraception.

« Darwin, Génitalité : deux mots qui font peur, le premier aux créationnistes, le second aux individualistes. Curieusement, le mariage homosexuel fait les affaires de ces deux clans qui se sont pourtant illustrés par leurs oppositions farouches sur ce sujet. »
Votre phrase n’a pas de sens. Le mariage entre personnes de même sexe fait se pâmer de joie les créationnistes ? Vous êtes assez mal informé, à ce que je crois. Quand à la sélection naturelle, elle n’a jamais empêché la présence marginale de populations homosexuelles dans la plupart des espèces sexuées. Là aussi vous raisonnez sur des bases fausses.


 « Le mariage homosexuel est le ver dans le fruit qui détruira le mariage républicain. »
Superbe prophétie... je vais la mettre à côté des autres prédictions de fin du monde pour l’an 1000, l’an 2000, l’an 2012...

« Le libéralisme qui entend dégraisser les institutions démocratiques ne peut pas être innocent dans cette affaire  »
Il n’est certainement pas irresponsable. De là à le dire coupable, il y a un fossé qu’un vrai républicain ne peut franchir sans une loi préalable pour déterminer une incrimination pénale... Mais vous le savez, vous qui êtes si profondément républicain...

« les institutions de Bruxelles ... »
Ah, oui, tiens... On ne l’a pas souvent brandi, cet épouvantail là, à propos du mariage entre personnes de même sexe.

« ...verraient certainement d’un très bon œil la suppression du mariage républicain au profit du mariage religieux. »
Ah, oui ! c’est bien ça ! Nos amis Polonais, si profondément catholiques et que l’idée d’institutions laïques n’offusque pas, pour autant que toutes les lois soient conformes aux évangiles, vont certainement applaudir à la futur disparition du mariage républicain, quitte à admettre que cette disparition passe par l’admission de péchés mortels qui enverraient tant d’âmes dans les enfers...

« Dans ce monde où tout devient possible, on ne peut exclure une hypothèse pessimiste : la crainte que le président de la République, plutôt que d’abriger cette loi Taubira ne décide d’abolir sans autre forme de procès le mariage civil, un voeu déjà exprimé par nombre de personnes.
A ce propos, il n’est pas inutile de rappeler que les esclaves n’avaient pas accès au mariage. Si le mariage républicain n’est plus, les croyants seront bien gardés et les brebis égarées seront renvoyées au rang d’esclaves. »

Affirmation fondée sur des peurs fantasmatiques... Le mariage, en tant qu’institution républicaine, est indispensable à la sécurité juridique des contrats. L’abolition du mariage foutrait un tel merdier dans l’économie que personne ne peut l’envisager sérieusement, à part les fabricants d’épouvantails, encore un coup.

« Le contraire de la loi ce n’est pas l’absence de lois, c’est la règle. » (Jean Baudrillard)

A celà, je répondrai : Le droit découle des lois, mais le droit suppose une autorité à qui en demander l’application. La liberté, elle, se passe des autorités. Elle existe dans le silence des lois. Voilà ce qu’est l’absence de loi.

Bien à vous,
L’ankoù


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