Commentaire de Richard Schneider
sur Le pantouflage, cause de la crise ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Richard Schneider Richard Schneider 12 juin 2013 18:29

Excellente synthèse de ce que chacun qui s’intéresse au sujet peut glaner çà et là ...

La remarque de marco 1960 mérite d’être approfondie, quand il écrit que « Nous ne sommes pas suffisamment pauvres, ni suffisamment exploités, ni suffisamment affamés ... ». En fait, il y a plusieurs facteurs qui pourraient expliquer (il faut rester très prudent) la passivité des Européens - surtout (mais pas seulement) des peuples du sud de l’Europe - face à la crise.
a) le vieillissement indiscutable de la population : les gens âgés n’aiment pas le désordre ... Inutile de développer.
b) la diminution lente mais inéluctable de l’importance de la classe ouvrière : jadis fer de lance des revendications sociales, elle n’est plus aussi nombreuse et disciplinée ; elle pèse donc moins dans le contexte de désindustrialisation de presque tous les pays de l’Europe Occidentale - Exemples sont nombreux rien qu’en France.
c) le développement indiscutable de l’égocentrisme des différentes couches des populations : l’individualisme hérité de mai 68 - il faut le reconnaître objectivement - ne mène pas à la contestation radicale ; au contraire, c’est chacun pour soi et SA liberté individuelle est plus importante que tout - cf. la mariage gay.
d) le mode de vie, de pensée avec la mondialisation change profondément la Weltanschauung de beaucoup d’Européens : la culture anglo-saxonne a pris le dessus sur les vieilles cultures de notre continent. La mondialisation ultra-libérale (avec sa langue « l’anglais des gares »  (Hagège), avec le bourrage de crâne des médias, etc...), n’est pas propice à une autre façon de vivre, donc de penser.

Certes, le pantouflage décrit par l’auteur existe depuis longtemps : les classes possédantes ont toujours eu tendance à se reproduire. Mais hier, elles étaient un peu plus étanches qu’aujourd’hui : l’ascenseur social fonctionnant encore, l’école pouvait propulser des enfants des humbles au sommet de la société (ex. Camus, Pompidou, Bourdieu). Aujourd’hui, c’est particulièrement vrai en France, ces classes possédantes deviennent quasiment hermétiquement closes.

Enfin, il faudrait ajouter, comme l’a bien analysé N.Klein - in « Stratégie du choc » - que les peuples reçoivent sur la tête des nouvelles de plus plus mauvaises. Ils ne réagissent pas, et ceux qui les dirigent en profitent pour les déposséder de leurs acquis en leur faisant miroiter que « ça ira mieux demain » si, comme  la propagande libérale leur assène inlassablement, vous consentez à faire les mêmes efforts que l’Allemagne socialiste Schröder ... Et les gens veulent y croire !

 On n’est pas à la veille de lendemains qui chantent.

Voir ce commentaire dans son contexte