Commentaire de Bracam
sur Bertrand et les socialo-communistes, le bénéfice ne détermine pas l'emploi


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Bracam Bracam 21 juillet 2013 01:50

Cette critique d’une France qui ne reconnaîtrait pas la réussite, là où il y aurait lieu simplement d’exposer une réussite intéressante, avec ses déboires, participe de l’habituelle guerre idéologique stupide que tant d’individus pourtant supposés intelligents mènent avec rancœur, chacun pour soi, et je vous décerne naturellement le statut de chef d’escadrille dans la guerre en question. Que de ressentiment dans votre exposé parce que ces salauds de salariés avalaient mal le fait de se retrouver, sans doute une fois de plus, jetés dans la grave incertitude du chômage.

Votre récit pourtant est épatant et l’esprit d’entreprise de Bertrand remarquable : quel besoin avez-vous de nous dire ce que nous devons penser, et à chaque ligne ou presque de nous expliquer qui est responsable, selon vous, des difficultés de ce chef d’entreprise ? J’ai vraiment envie de vous dire : foutez-nous la paix, laissez le lecteur se faire sa propre opinion.

Penchant à gauche, qu’importe, j’ai lu ce récit avec le plus grand intérêt, en ce qu’il témoigne de la force d’entreprendre d’une personne, envers et contre tout s’il le faut. Mais c’est bien là que ça coince : Bertrand est victime, selon vous, de cette engeance de bolcho-trotsko-socialistes, de ces gens incapables de flexibilité, or je vois pour ma part qu’il est une « victime » exemplaire du l’ultra libéralisme. Un banquier qui lui refuse toute aide (après que nous tous ayons sauvé de nos propres deniers ces mêmes banques, privatisons les bénéfices mais collectivisons les pertes, hein), un Etat dont les aides ridicules sont une entrave à la liberté d’entreprendre, on croit le comprendre mais je suppose qu’on pourrait produire quelque témoignage contraire, des contraintes administratives et fiduciaires qui relèvent d’une perversion étatique et politique que tous les partis se sont échinés à renforcer depuis Napoléon ou avant, mais surtout, la marque toute particulière de la concurrence libre et non faussée qui peut mettre sur la paille n’importe quel entrepreneur, honnête ou félon, par le jeu du moins disant, du chantage, de la malhonnêteté des partenaires, des retards de paiements, que sais-je encore. Et se pose aussi la question de la validité de la politique de l’offre : parfois contre toute raison, on produit des biens inutiles, polluants, dispendieux, qui le lendemain seront concurrencés par moins cher ou légèrement différents, ce qui mettra en faillite une entreprise qui faisait des bénéfices parfois extravagants. Ce n’est souvent qu’une question de temps, et les phases succès/faillite sont de plus en plus courtes.

Bref, établissez le procès de la gauche tant que vous voudrez : c’est bien malgré vous que j’ai trouvé un réel intérêt dans l’histoire que vous nous rapportez, et de l’admiration pour ce Bertrand tel que vous le présentez. J’estime que, par le ton de votre article, vous vous rangez dans l’immense cohorte des gens que vous jugez, amers, méprisants à l’égard d’autrui si souvent, s’opposant à tout et à tous par principe idéologique, confits dans leur permanence orgueilleuse. Je ne dis pas que vous êtes tout cela, croyez-le bien, mais que vous dénaturez forcément le message pourtant positif que l’on peut lire dans votre texte, lorsque l’on fait abstraction de ce que vous cherchez à asséner comme votre vérité. Ce que je veux retenir, ce n’est pas le message idéologique, mais le fait qu’il est possible de réussir en France : c’est bien ce que vous avez écrit ?


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