Commentaire de Henrique Diaz
sur Enquête Pisa, la vraie raison


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Henrique Diaz Henrique Diaz 5 décembre 2013 11:43

C’est aussi bien une question sociétale liée à l’enfant roi qu’une question économique et politique liée au libéralisme. Tout est lié ici. Avec la suppression de fait du redoublement depuis Jospin en 92 et à cette occasion la mise de l’élève « au centre du système éducatif » en en faisant un consommateur roi vis-à-vis duquel les enseignants seuls ont des devoirs, avec la réduction des moyens d’enseignement (classes de plus en plus souvent surchargées) et du nombre d’heures de cours au profit d’activités confuses ou trop précoces comme les TPE au lycée ou l’anglais en primaire, le socle commun etc. les pouvoirs néo-libéraux se sont succédés pour aboutir à un résultat efficace et donc concerté qui est la dévalorisation générale de l’enseignement public. Prenons seulement le redoublement : c’était une rustine qui marchait mal, mais le supprimer sans solution de substitution ne pouvait évidemment donner de bons résultats. On aurait voulu mettre à genoux notre système éducatif public, on ne s’y serait pas pris autrement.

Quel peut être l’intérêt de l’Etat français de détruire son propre système éducatif public ? Le même que celui qui a conduit à privatiser les autoroutes, l’électricité, le téléphone : favoriser la concurrence libre et non faussée entre acteurs privés pour arriver au meilleur des mondes libéral. En gros pour « stimuler les forces vives de la nation » d’un certain point de vue ou alors pour favoriser la classe sociale dominante qui par sa main mise sur les médias, les sondages et l’économie a mis les hommes d’Etat que nous avons à leur place de valets du capital. Et pour tuer son chien, afin d’en vendre la carcasse, rien de mieux que de dire qu’il a la rage, et même de la lui avoir inoculée.

Les attaques contre l’enseignement public et ses moyens, aussi bien que la remise en cause systématique de tout ce qui pouvait représenter l’autorité des enseignants du public pour faire de l’enfant un petit roitelet intouchable et ainsi empêcher tout enseignement efficace, tout cela participe de la volonté libérale de pousser tout ceux qui le peuvent, en gros les classes moyenne et supérieure, à payer directement pour une instruction de qualité pour leurs enfants, car il y a là des milliards à récupérer pour le secteur privé. Il n’y aura plus alors qu’une école publique complètement de seconde zone pour une population corvéable à merci dont on n’a pas intérêt à ce qu’elle soit instruite. Ce projet est déjà vieux, il s’appelle l’Accord Général sur le Commerce des Services et on applique depuis des lustres la technique bien connue de la grenouille dans l’eau bouillante pour le concrétiser petit à petit : augmenter la température qui la fera cuire petit à petit sans qu’elle ne s’aperçoive de rien et reste ainsi d’elle-même dans le bouillon libéral.

En ce sens, les libertaires qui continuent de nous vendre l’école par le jeu, l’école dont tout ennui devrait être banni, l’école lieu de vie ouvert sur la vie sans entrave, sont les alliés objectifs des libéraux qui eux n’ont de cesse de privatiser tout ce qui pouvait donner un tant soit peu d’effectivité à l’idéal républicain d’une liberté de vivre décemment égale pour tous.


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