Commentaire de Jean-François Dedieu
sur Réinventer la librairie et sauver le livre


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Jean-François Dedieu Jean-François Dedieu 14 décembre 2013 07:08

Jean, tant que les éditeurs font barrage (peu d’élus et plus pour le marketing que le talent), tant que la distorsion commerciale donne au pauvre « petit » libraire 33 % du prix de vente alors que l’écrivain reconnu ne touche que 8 %, il ne faut pas s’étonner si l’édition numérique, plus souple (possibilité d’impression à l’unité), plus ouverte, offrant plus de choix et moins onéreuse, met à mal l’édition papier. D’où mon incompréhension lorsque vous évoquez « un résultat net de branche de 0.6 % » ! Où va le pognon ? 
Quand on constate que les maisons d’édition osent vendre e-book presque aussi cher que la version papier (au motif fallacieux qu’il faut protéger la création !) et que pour faire perdurer leurs privilèges, eux, ont demandé une protection « collectiviste » de l’’État (aux frais du client) qui retardera un peu l’échéance, je crois qu’ils sont plus pour l’esprit de caste, et les bénéfices que pour le libre accès à la lecture et à la culture.
Pour le prix unique, s’agissant d’une loi et d’une remise limitée, je ne pense pas qu’Amazon ait rompu une quelconque digue ; on les oblige, au contraire, à facturer les frais de port aux dépens du lecteur. Et le désastre évoqué par vous ne l’est que pour le lecteur privilégié habitant en ville, disposant de temps, d’un budget certain et disposé à faire des kilomètres.
Merci néanmoins pour toutes ces bonnes idées d’arrière-garde, même si je crois y trouver l’esprit parisien de territoire centralisé au détriment de la région et du terroir, même si vos principes et actions sont loin d’être « grand public ».
Pour revenir à ce public élitiste qu’on rapprocherait de l’attribution des prix d’automne et de ces émissions littéraires aujourd’hui guindées et loin de l’esprit d’Apostrophes (ou de Polac), si au moins il pouvait faire passer ses coups de cœur plutôt que son snobisme dans l’air du temps, pour en faire profiter ceux qui ne peuvent se permettre le luxe d’un livre répondant seulement à une mode germanopratine ? 
Et pour finir, est-ce que le libraire de demain, qui applique vos bonnes idées, n’est pas déjà ce fonctionnaire territorial diplômé, chargé, à la médiathèque, du prêt des livres et qui organise des manifestations culturelles (écrivains invités, expos photographiques, etc.), même dans les villages qui n’ont jamais disposé d’une librairie ? 


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