Commentaire de Lo lop
sur Politique et sacrifice : un grand homme d'Etat doit-il savoir être inhumain ?


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Lo lop Lo lop 22 décembre 2013 22:36
Le point commun de nombreux « grands hommes » c’est qu’il arrive un jour ou leur « équation » individuelle correspond aux évènements, mais forcément ça ne dure que jusqu’à que les évènements changent.

Par exemple, on peut croire que la France doit la victoire de 1918 à Clemenceau tant il a su serrer les boulons, jusqu’au dernier quart d’heure (il disait que celui qui gagne, c’est celui qui a cru ne pas être vaincu un quart d’heure de plus que son adversaire). On peut aussi considérer qu’il a ensuite été nettement moins bon, en insistant pour imposer à l’Allemagne une paix « carthaginoise ». Est-il pour autant responsable de la victoire de 1918 comme de l’aveuglement face aux dangers qui ont suivi ? Pouvait-il faire mieux (ou moins bien) que ce que pouvait le peuple français de l’époque ?

Une façon de voir les choses, c’est de considérer que les peuples font eux-mêmes leur histoire, mais qu’ils se sentent le besoin de chefs pour l’incarner. La marge d’action de l’homme d’Etat est alors finalement assez réduite, même pour un type comme Hitler dont la folie personnelle n’est pas grand chose à côté du dérèglement qui s’est emparé du peuple allemand. Hitler ou pas, il se serait de toute façon passé quelque chose en Allemagne entre 1920 et 1940, du côté de la dictature et du militarisme.

On revient à la question de l’autonomie de l’homme par rapport à l’histoire, et cette question s’applique aussi aux « grands hommes ». Sont-ils des acteurs ou des instruments ? Cette questions prime celle de la morale, ou plutôt : dans toutes les tragédies historiques, la responsabilité individuelle des dirigeants est l’arbre qui cache la forêt de la responsabilité collective des peuples.

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