Commentaire de Philippe VERGNES
sur Affaire Dieudonné et théorie du genre, etc. : le harcèlement moral s'institutionnalise


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Philippe VERGNES 21 février 2014 14:26

Bonjour Corinne,

Pour avoir lu quelques uns de vos commentaires (suite notamment suite aux articles de Luc-Laurent SALVADOR si mes souvenirs ne me trompent pas) je présuppose, et vous me corrigerez au besoin, que vous connaissez la théorie de la double contrainte de Grégory BATESON.

En effet, d’un premier abord, et en l’absence de connaissances approfondies sur certaines notions de droit, il peut apparaître absurde de songer que l’État, autorité suprême, puisse s’adresser lui-même des « injonctions paradoxales ».

Pourtant il le peut, je vous fais grâce de la démonstration qui serait malheureusement terriblement longue (de plus, de nombreux, pour ne pas dire une majorité d’avocats ignore ce détail-là, j’vais pas leur donner un tuyau qu’ils se chargeront ensuite de facturer une fortune à leurs clients), mais cela s’explique plus simplement par le fait que le législateur n’est pas le seul à pouvoir pondre des règles, le gouvernement le peut aussi et parfois de manière contradictoire aux lois prises par le législateur.

En dernier ressort, le seul organe apte à statuer sur la validité d’une loi ou d’un règlement est le Conseil Constitutionnel. Or, dans le cas précis de la loi qui a permis de sanctionner Dieudonné pour racisme, antisémitisme et xénophobie, le Conseil Constitutionnel n’a jamais été saisi pour se prononcer sur sa validité. En conséquence de quoi, les juges peuvent, en application de ce qui existe et quand bien même cette loi soit inconstitutionnelle, sanctionner des faits qui vont à l’encontre de nos libertés.

Par ailleurs, il est un autre aspect à connaître sur les injonctions paradoxales, c’est qu’elles sont le symptôme d’une personnalité dissociée. C’est bien ce que nous retrouvons au niveau de l’État au sujet de cette loi inique (je connais celui qui l’a pondu, en vertu du principe qu’une idée prend toujours la couleur et la forme de celui qui l’a met en œuvre - Stefan ZWEIG -, il ne m’a vraiment pas été difficile de trouver la contradiction). smiley


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