Commentaire de Christian Labrune
sur Moi président, je n'aime pas les pauvres, moi président je n'aime pas les sans dents


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Christian Labrune Christian Labrune 4 septembre 2014 18:21

Alex,
Le « Discours de la servitude volontaire’ d’Etienne de la Boétie, venant après les théories politiques de Machiavel, expliquait déjà très bien ces mécanismes de la domination. On n’a pas fait beaucoup mieux depuis. Le problème, c’est que la plupart des dominés adorent les tyrans qui les écrasent de leur botte, et s’ils le pouvaient, ils ne rêveraient que d’une chose : prendre leur place.

Dans la pièce de Racine, parlant des Romains, Narcisse dit à Néron :
Au joug depuis longtemps ils se sont façonnés ;
Ils adorent la main qui les tient enchaînés.
Dans son luxueux hôtel de Doha, c’est probablement ce qu’un Khaled Mechaal a pu dire aussi ces derniers jours, voyant que les Gazouis ne lui en voulaient pas tant que ça après ce qu’il venait de leur faire subir. Pareillement, après la guerre des six jours, Nasser qui venait de faire massacrer bien inutilement toute une armée annonçait sa démission. Démission immédiatement refusée par une foule en délire qui le plébiscitait et lui imposait de rester encore au pouvoir.
Tous les communistes du monde entier ont pleuré en 53 quand Staline est mort, et il y aura eu dans tout le XIXe siècle des nostalgiques d’un Napoléon qui, le soir du carnage de la bataille d’Eylau, considérant un champ de bataille jonché de cadavres, formulait cyniquement cette observation : »une nuit de Paris réparera tout cela« .
Sur ce site AgoraVox, les admirateurs de Poutine ne manquent pas, qui justifiaient à l’envi, il n’y a pas si longtemps, le traitement que le tsar avait réservé aux Pussy Riot (pauvres gamines !), et j’en ai même vu aussi qui trouvaient des charmes à la dictature d’un Kim Jong-Un. C’est tout dire.

Reste le cas d’un Hollande adulé par beaucoup ici même à la fin du règne de Sarkozy. Je n’ai aucune sympathie pour les socialistes - et c’est peu dire ! Je n’avais donc pas voté.
Mais Hollande est-il un véritable tyran ? Eh bien non, justement. C’est un homme plutôt »normal« et son défaut serait probablement de l’être un peu trop. Son »crime", c’est d’avoir été un trop habile dans les petites combinaisons politique des stratégies partidaires. Cela en fait-il un égal des Néron ou des Staline ?
On lui reproche une formule pas très bienveillante pour le petit peuple. Effectivement, ça n’est pas très gentil, mais peut-être qu’il mieux pour vous et pour moi qu’on ne sache pas trop ce que nous pouvons raconter dans la chambre à coucher ou à la table du petit déjeuner.
Supposons que l’auteur de cet article soit arrêté demain matin pour crime de lèse-Président, jeté en prison et quelque peu torturé, et qu’il en aille de même pour tous ceux qui, à sa suite, se seront moqués du Prince. Eh bien, je gagerais que la côte du pauvre Hollande remonterait assez vite, et dans des proportions tout à fait spectaculaires. Enfin, on aurait un tyran ! Quel pied ! Que l’auteur et ses complices ne s’inquiètent pas pour autant : un tel risque est absolument nul et je ne pense pas qu’il faille trop s’en plaindre.


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