Commentaire de Marc Chinal
sur Chronique d'un éveil citoyen – Épisode 7 : Penser la monnaie et la dette


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Marc Chinal Marc Chinal 19 novembre 2014 13:29

« Je suis surpris car vos propos semblent beaucoup moins radicaux que ceux tenus au micro de CauseToujours (http://www.youtube.com/watch?v=rTz4...) »

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Je ne change pourtant jamais de discours, sauf si je m’aperçois que je me suis trompé, et là je me dois de le reconnaître clairement. Question de transparence et de faire avancer le shmiliblick.

 :)

Que définissez vous par « propos radicaux » ?
Quels éléments de l’interview vous ont fait me mettre une étiquette de « propos radicaux » ?

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1 - « En ce qui me concerne, les travaux les plus « pénibles » sont simplement les travaux « qui se font avec peine, qui exigent un effort difficile, qui causent de la fatigue, de la souffrance… » »

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Soit. Nous sommes d’accord sur la définition du travail pénible.
Mais d’une part, la pénibilité n’est qu’une limite psychologique, à savoir, certaines personnes aiment les défis, d’autres rebutent face au moindre effort.
D’autre part, dans un système monétaire, le travail pénible se fait par l’humain parce qu’il coûte moins cher qu’une « machine ». Que devient ce travail pénible si une part d’automatisation vient aider l’humain ? (et non le transformer en machine lui-même). Les « coûts » n’existent plus dans un système post-monétaire. (mais il ne faut pas négliger les « dépenses énergétiques » et le gaspillage de ressources non renouvelables.)

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3 - « presque l’intégralité des relations sociales contient une dose de « pouvoir » et de « violence ». »

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Oui. Mais ne nous trompons pas de « combat » (pacifique). Que l’humain ait en lui la notion de pouvoir (maîtrise de sa survie) et la violence (comme réponse à certaines frustrations) n’est pas le sujet. (C’est de la psychologie et je vous donne ce lien pour voir ce que cette approche en pense). Mais la monnaie est un outil qui exacerbe la violence et le pouvoir ! Et cette exacerbation est liée à la rareté relative de cet outil. (sinon, personne ne se bat pour obtenir des feuilles d’arbre).

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« Il est contreproductif de réduire la monnaie à l’une ou l’autre de ces notions propres aux interactions sociales elle-même et non à l’outil qui se propose de les formaliser »

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Qui a réduit la monnaie à cela ? Pas moi en tous cas. Mais il n’empêche, ces notions existent et sont dominantes.

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4 - Car c’est le pouvoir lui-même qui tend à déresponsabiliser/déshumaniser les individus et non l’outil qui permet d’incarner ce pouvoir sur le plan économique.

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Prenons des cas concrets :

- 1 personne donne des ordres à une autre en échange de monnaie. Le pouvoir est là, sans démocratie sans forcément d’intelligence. (chantage sous-jacent lié à « si tu n’as pas de monnaie, tu crèves de faim et tu dors dehors)

- 1 personne donne un ordre à une autre personne dans un système post-monétaire. Si cet « ordre » n’a pas de fonction d’organisation (diriger des travaux pour qu’ils soient efficaces et bien réalisés, sorte de coordination), la personne recevant cet ordre pourra répondre « Sans blague ? Et il fait beau chez toi ? ».
Quid de la notion de pouvoir ?

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5 A ce titre, la spécialisation des compétences et la division du travail ont intérêt majeur qui ne doit pas être occulté dans notre quête d’autonomie sociale et monétaire.

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Qui a occulté l’intérêt (non monétaire) de ces 2 éléments ? Personne.
Sans le coût de la formation, sans le coût du copyright et des brevets, les spécialisations et la division du travail posent moins de problème, c’est tout.
Mais il est évident que l’humain ne peut contenir l’univers tout entier dans sa tête. C’est même l’intérêt de survie qu’a trouvé l’humain en vivant en société.

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6 je suspecte la notion de « rareté relative » de faire glisser le débat vers des théories telles que la TRM (Théorie Relative de la Monnaie) qui revient – plus ou moins – à une monnaie fondante.

La relance économique ../.. La redistribution sociale :

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Suspecter... voyons, voyons... qu’est-ce que c’est que cette sémantique ?
Pour répondre, la TRM n’a rien à voir avec le fait que la monnaie soit « relativement » rare. Le mot a la même racine mais le développement n’a rien à voir.

La monnaie fondante pousse à la consommation et au maintient de la pauvreté (faute de capital qui puisse se constituer). La question est donc hors sujet lorsqu’on parle de post-moéntaire.

Je trouve dommage que cette notion de « rareté relative » soit collée dans votre esprit à la notion de « réserve de valeur ». Une réserve de valeur ne pose pas de problème en soit.
Par contre, la rareté relative (le fait que chacun ne puisse pas avoir une réserve de valeur) explique pourquoi il faut aller prendre des parts de marchés au voisin, pourquoi pour donner à l’un, il faut prendre à l’autre, même si les deux méritent d’avoir, cause de toutes les guerres économiques et à de nombreuses autres prises de tête.

Pour que quelqu’un réussisse économiquement, il faut que plein d’autres perdent.
C’est mathématique.

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7 « Bref, je suis un peu rigoriste sur la question : la monnaie ne doit JAMAIS être l’objet d’une quelconque politique (quelle que soit ses fins) et se cantonner au dogme Aristotélicien. »

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Je ne comprends pas l’idée que JAMAIS la monnaie ne doit être politisée ? La monnaie fait partie intégrante de « l’organisation de la vie de la cité ». Non ?
Qui plus est, c’est un point de vue ultra libéral : la monnaie doit être totalement libre. Non ?
Je fait ces deux remarques, mais de toutes manières, étant post-monétaire, la monnaie peut bien être ce qu’elle veut, au final, elle restera un outil qui crée plus de problème qu’il n’en résout. (selon moi)
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« Si une société souhaite se doter d’une plus grande justice sociale, elle doit envisager de le faire par ses lois (notamment son économie politique) et son système politique (notamment la démocratie réelle). »

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Mais la monnaie et sa rareté relative, viendront toujours foutre le bazar dans ces bonnes intentions. Car pour donner à l’un, il faut prendre à l’autre. Que faire lorsque les deux méritent d’avoir ?

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