Commentaire de Nycolas
sur Investir dans le service public pour sortir du chômage de masse


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Nycolas 12 décembre 2014 19:23

Je ne sais pas si on doit faire du neuf avec du vieux (théories économiques dominantes que vous citez), ou du neuf avec du neuf (théories économiques novatrices émergentes qu’on ne considère pas, pour différentes raisons), mais ce que je déplore, c’est qu’on fait du vieux avec du vieux qui ne marche pas, et ce par frilosité, par soumission au diktat actuel, atlantiste.

Je pense pour ma part que parler de résoudre le chômage sans parler de la délocalisation (des industries mais aussi des compétences), est vraiment parler dans le vide. Or cette délocalisation est un mécanisme du capitalisme libéral. Si ces délocalisations sont possibles, c’est en effet parce qu’elles sont possédées par des industriels qui en font ce qu’ils en veulent et les mettent où ils veulent, d’où une destruction des états eux-mêmes, d’où une concurrence entre travailleurs qui conduit à un nivellement général par le bas, qui produit un affaiblissement des couches prolétaires, ce qui engendre un déséquilibre de plus en plus grand des rapports de force et des rapports de richesse (ce qui revient au même).

A partir de ce constat, qui forme un embranchement, on peut facilement déduire des perspectives de changement.

Mais de toute façon, le problème n’est pas qu’économique, il est sociétal, civilisationnel, même. Et c’est surtout là que le courage politique manque, avec la vision qui devrait aller avec. On entend toujours les mêmes choses dans le paysage politique corrompu, il y a une sclérose général des idéologies à cause de la soumission au statu quo vécu comme un état supra-naturel que rien ne saurait remettre en cause.

Je ne suis pas économiste, juste citoyen et auteur. Je n’ai pas de force de proposition sur ce sujet qui ne me passionne pas beaucoup, et ça n’a pas d’importance : ce que je pourrais en dire ne serait jamais relevé par une personne compétente pour l’appliquer, de toute façon, en l’état de la politique actuelle en occident. Pourtant, j’observe qu’avec le peu de connaissance que j’ai du sujet, le manque de vision de nos dirigeants est patent et nous a conduit dans la crise civilisationnel que l’on connait, alors que les alternatives existent, et existaient.

Pour commencer il est vrai que la collectivisation des biens de production serait un début pour que chaque entité territoriale ne puisse pas en être arbitrairement privée, avec un minimum vital pour en finir avec le travail comme fondement unique de ce système sociétal en perdition : avec l’automatisation, et l’informatisation, le travail est en voix de disparition, et les débats sur comment en finir avec le chôme sont donc, de facto, un combat d’arrière-garde, perdu d’avance qui plus est.

Il faudra tout réinventer, un jour ou l’autre, peut-être quand on aura suffisamment épuisé les ressources pour que tout se casse la gueule au moment où un effet de seuil critique se produira. Raisonner avec les principales idéologies encore en vigueur, quand elles sont toutes basées sur l’utilisation de ces ressources, c’est ce que j’appelle faire du vieux avec du vieux. Il faut se faire à l’idée que seul un changement radical sera adapté à cette nouvelle donne.

Cela se fera probablement par une méga-crise, car l’homme moderne n’est pas suffisamment prévoyant pour anticiper un tel choc : 7 milliards d’êtres allant dans un mur à la vitesse du son. Pour ne pas en passer par là, il faudrait ce courage politique dont je parlais. Mais je doute qu’on rencontre un courage d’une telle ampleur, à une époque où le peuple français en est réduit à choisir entre les deux incompétents qu’on connait, totalement asservis à l’atlantisme. Aussi, disserter sur les alternatives qui existent n’a pratiquement pas d’intérêt. Je n’ai pas d’espoir dans le pouvoir politique de notre époque, dans le contexte d’une démocratie factice et soumise à un pseudo ordre naturel de la finance et de l’économie.

En un sens, mon commentaire est, je l’admets, aussi vain que l’article qu’il commente. Dans un cas comme dans l’autre, nous nous débattons dans l’eau saumâtre d’un état des choses sur lequel nous ne pouvons que nourrir des espoirs et des désespoirs. Autant se préoccuper d’autre chose. Je tenais néanmoins à faire remarquer ce point fondamental : prétendre lutter contre le chômage dans une société de chômage structurel, c’est lutter contre le naufrage dans un bateau déjà coupé en deux. Il faut un nouveau bateau, un nouveau pneu, peu importe, et aucune force de proposition ne pourra abattre la tyrannie économique actuelle, qui ira simplement au naufrage d’elle-même. Reste à savoir l’étendue de la violence de ce naufrage.


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