Commentaire de Céline Ertalif
sur UberPop ou le laisser-faire économique


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Céline Ertalif Céline Ertalif 26 juin 2015 12:21

@Trelawney Je suis plutôt d’accord dans l’ensemble avec votre commentaire. En effet, il est tout de même curieux que les pouvoirs publics interdisent d’utiliser une plateforme pour mieux communiquer dans l’offre d’un service parce qu’ils sont incapables de prélever les taxes ! On constate en effet que la seule chose qui intéresse l’État, c’est son budget. Et en même temps, on retrouve le problème des archaïsmes fiscaux, ce qui est pour le coup une tradition séculaire. C’est ce qui a fait tomber la plupart des régimes politiques.


Bon, cela dit les patrons d’Uber, de Blablacar et compagnie sont des voyous. Moi qui suis utilisatrice depuis longtemps et très fréquemment de Blablacar, je ne trouve pas que le patron français soit moins requin que les autres. Le principe de ces gens-là est de se construire un monopole de fait, de s’installer sur le goulot de communication entre demandeur et offreur et de s’imposer comme intermédiaire incontournable (par exemple en empêchant toute relation directe avant la transaction sur laquelle la plateforme fait son prélèvement au passage). Sur longue distance aujourd’hui, covoiturage = Blablacar, et la relation est bien sûr transitive. Que font les pouvoirs publics ? Voilà un nouveau fermier général sur ce qui est indiscutablement un service public, sans aucun contrôle public.
Je ne crois pas du tout que le marché puisse définir tout seul, avec sa main invisible, le bien commun. Le problème, c’est que les institutions publiques semblent plus occupées à sauver les marchés (les nouveaux pour la croissance et les anciens pour les recettes qu’elles procurent encore, licences des taxis, TVA, etc...) qu’à agir pour l’intérêt général.

Non seulement la défense des taxis n’est pas une évidence du point de vue de l’intérêt public du côté des transports, mais la défense des intérêts publics en général pose problème : on ne peut pas défendre une société en laissant des monopoles privés s’installer à la place des institutions publiques. Sauf à croire qu’on puisse se passer totalement de la souveraineté populaire. Dans les deux cas d’Uber et de Blablacar, il y a pourtant une voie extrêmement limpide à suivre pour sortir de cette ornière : aucun service public ne devrait pouvoir échapper au logiciel libre. Faudra-t-il une révolution pour comprendre cela ? « Ce groupe Uber doit être dissous » a dit Hollande. Stupéfiant ! Moi, je pense qu’on a toujours besoin de services publics, mais qu’il va falloir dissoudre l’État s’il ne s’occupe plus de service public.

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