Commentaire de Luc-Laurent Salvador
sur La conspiration du Nouvel Age


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Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 10 octobre 2015 06:38

@Gollum

C’est amusant comme les boucles se bouclent et que toujours on revient à ce qui n’a pas été réglé.
 
Il me semble en effet que le point 1 que vous abandonnez se retrouve dans votre point 6 avec la question de l’ombre. Je suppose que celle-ci a directement trait à la question de la haine de soi car en écrivant mon point 1, je pensais clairement à ce processus de projection et c’est en toute conscience que je l’ai écarté de la haine de soi pour la bonne raison (à mes yeux, puisque j’en fais l’hypothèse) que le soi c’est le souci de soi, le soin de soi, le « care » de soi smiley bref, le soi est tout amour pour soi et c’est justement pour cette raison que ce qui n’est pas aimable en soi est scotomisé et projetté sur l’autre pour pouvoir être haï tout à loisir. Je soutiens qu’il n’y a pas là de haine de soi mais une défense de soi qui s’affirme dans la haine de l’autre pour précisément bien marquer la différence. L’autre je le hais, c’est dire comme je suis distant de tout ça. La haine ne répond ici qu’à une nécessité réthorique en somme, c’est une stratégie de défense du soi qui ne s’origine pas dans une haine de soi mais dans un problème dans l’image de soi qui nécessite de refouler tel ou tel aspect. C’est ce besoin de dissimulation qui se saisit de l’occasion d’accabler l’autre POUR MIEUX SE DISCULPER. On est donc dans tout sauf la haine de soi. C’est plutôt de la surprotection de soi au prix de l’incohérence et de l’injustice faite à l’autre. Tout ça est formulé à la va vite mais je pense que vous me comprendrez.

Je pense qu’il ne faudrait pas creuser longtemps pour retrouver derrière le mécanisme du bouc émissaire. La chose détestable également distribuée entre soi et l’autre que nous refusons de voir en nous, nous la repoussons, nous la projettons toute entière sur l’autre et la haine affichée sert à marquer la différence et à nous présenter comme étranger, comme aussi éloigné que possible de cette chose qui se trouve en nous. C’est bien un processus de disculpation à la manière du bouc émissaire.
 
2. Comme moi. Je vous assure que si vous le lisiez vous pourriez constater qu’il est beaucoup plus ouvert et accueillant que cela. Il me semble encore plus compréhensif que Vatican II.
 
3. Non, je ne balaie pas cela. C’est très intéressant. C’est un utiile rappel que rien n’est tout blanc (la royauté) ou tout noir (les usuriers). D’ailleurs, si vous avez une référence recommandable sur ce moment de l’histoire des templiers, je suis preneur. Concernant le fait de tordre les cadres, pourquoi parlez vous des catholiques ? Tout le monde fait ça depuis toujours. ça s’appelle « un lit de Procuste » et c’est comme ça que fonctionnent toutes les habitudes dont nous sommes faits (telle est ma thèse de « psychologue synthétiste »).
 
4. Le fait que Le Cour ne soit en rien à l’origine du mouvement du Nouvel Age alors qu’il a écrit « L’Ere du Verseau » ne va pas être aisé. Il a forcément été lu. Il a forcément contribué à forger des mentalités sous ce rapport. Qu’il ait été oublié par Ferguson n’est preuve de rien. Et surtout je ne vois pas où serait le problème. Nous savons très bien que les plus belles pensées peuvent se faire récupérer, détourner, dévoyer, etc.
 
5. Le libre arbitre est une fiction sociale de même nature que la responsabilité. Pour être une fiction, elle n’en est pas moins une réalité sociale, donc une réalité tout court, puisque nous la croyons telle. Le problème de la prédestination est justement qu’elle ne peut être l’objet d’aucune science. Mais cela ne prouve pas son inexistence. Pour ma part je crois à quelque chose comme ça. Je suis simplement réticent à en faire une explication ou, pire, une justification.
 
6. Là c’est moi qui ait l’impression que vous balayez ce que je dis sans le prendre suffisamment en compte. Vous vous contentez de livrer des impressions sur Girard sans argumenter. De toute évidence vous l’avez lu superficiellement et, pardonnez-moi mais vous ne m’avez pas non plus lu ou entendu ici sur Agoravox. Sinon vous n’écririez pas « je ne suis pas convaincu que de savoir que la victime est innocente change quoi que ce soit au problème du Mal. » Ce qu’il faut comprendre, c’est tout le contraire : le malheur du monde vient à 99% (de ceux qui se pensent ou se présentent comme) des victimes. Car ils pensent avoir droit à la légitime violence. Le message christique est essentiellement une invitation à renoncer à être victime (si on te frappe sur la joue, etc.).
 
Enfin, concernant Girard que j’ai eu la chance de fréquenter assez longtemps, vous me semblez complètement dans l’erreur. Il m’est apparu très fin, très psychologue et certainement pas étranger à la spiritualité vu les conversations que j’ai eu avec lui, le choix des auteurs qu’il nous a fait travailler dans ses cours et son intérêt pour la question de la conversion au sens de sortie de la pathologique course du désir mimétique. Mais bon, nous n’avons peut-être pas les mêmes lunettes pour observer la vie intérieure... smiley


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