Commentaire de l’Ane Artiste
sur Régionales, une victoire trompeuse


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l'Ane Artiste l’Ane Artiste 16 décembre 2015 09:20

Bonjour Olivier,
Partant qu’en théorie dans un régime démocratique « un homme = une voix » Gilles Châtelet fait la démonstration suivante :
Monsieur X, chômeur, « pèse théoriquement » autant que Monsieur Y, « leader d’opinion ».
Mais tout le monde a deviné que la corpulence politique de Monsieur Y ne s’apprécie pas par la simple considération de Monsieur Y comme unité de vote et simple citoyen thermostat, consommateur de biens et services politiques, mais par sa capacité (directe ou indirecte) d’infléchir en sa faveur les équilibres secrétés par la Boite noire. Il est évident que l’heure que consacre Monsieur Y à la politique est infiniment plus gratifiante que celle de Monsieur X. [...] Monsieur X est une unité de vote qui ne compte pas et, pis, toutes les démarches qui prouveraient sa bonne volonté envers la démocratie-marché risquent de se retourner contre lui en légitimant un accroissement des inégalités : on comprend que Monsieur X, écœuré, aille rejoindre le cloaque de l’apathie politique.
Paradoxalement, cette attraction de l’apathie semble être appréciée par certains politologues, qui y voient une garantie de stabilité. Ils peuvent même s’extasier devant ce miracle de l’auto-organisation de la société civile : la Chaos des opinions secrète un paramètre capable d’éliminer les canards boiteux par l’apathie ! Il faut donc élever celle-ci à la dignité de paramètre utile, puissant stimulant de l’hygiène systémique :
« Il n’est pas exact qu’un taux de participation élevé joue toujours en faveur de la démocratie... Un accroissement du pourcentage de participation peut être l’indice d’un affaiblissement de la cohésion sociale qui entrainera la démocratie à sa perte ; à l’inverse, l’opinion répandue que le »résultat ne pourrait pas changer grand chose« , en diminuant la participation, peut contribuer à la stabilité du régime. Un problème important se pose pour les théoriciens de la démocratie, c’est de savoir quel peut être le pourcentage optimal de participation électorale qui permet à une société de maintenir ses institutions démocratiques sans que l’âpreté des luttes de parti menace sa cohésion. »
Nous retrouvons l’obsession de la démocratie-marché : la symétrie entre Main invisible et Boite noire doit être impitoyable et exige que les exclus de la prospérité économique tendent à coïncider exactement avec les apathiques du jeu politique, réalisant une identification de deux dissymétries sociales majeures.
[...]
On a pu montrer en effet que, dans un monde où tous les politiciens-entrepreneurs agissent rationnellement, un équilibre n’émerge que si les citoyens-consommateurs agissent irrationnellement. La politologie mathématique montre également qu’un gouvernement démocratique exige une dissymétrie de l’information et que, dans un système à deux parties, le vote irrationnel - celui qui est suscité par des programmes vagues et ambigus - doit être encouragé pour forcé la décision. ( c’est moi qui souligne)

Je crois que je vais arrêter là. Mais avouez qu’ils sont fort les enculés d’en face comme me le répète souvent un ami qui lui n’est pas africain smiley

à lire le livre de Gilles Châtelet « Vivre et penser comme des porcs »


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