Commentaire de Wilemo
sur Les apparatchiks du tourisme à Mayotte / Retour sur infos


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Wilemo Wilemo 7 septembre 2016 13:51

Merci pour ce petit retour de la situation mahoraise.

Je pense aller dans votre sens en racontant brièvement mes 2 ans de « service militaire adapté » (c’est un engagement court) dans ce qui était encore une collectivité territoriale, devenue depuis département.
Pour rappel, et de mémoire, les mahorais ont voté massivement l’adhésion à la France en 1976. Ils voulaient être français.
Je suis arrivé de métropole en 2001. Mon salaire métropolitain était d’env. 7000 francs ( le smic), mais les diverses primes m’ont fait touché plus du double par mois. Parallèlement, il existait un smic local qui était d’environ la moitié du smic de métropole. Ca ne semblait choquer personne... en tout cas pas les métro ou les réunionnais, qui possédaient la plupart des entreprises, et monopolisaient les services territoriaux. Les métro. vivaient plutôt entre eux, qu’ils soient militaires, enseignants ou travaillant à la préfecture, fréquentaient les memes bars (les mahorais sont musulmans... ca aide !, s’autorisaient le supermarché flambant neuf pour acheter des produits métropolitains hors de prix).
Et la substance des échanges de ces soirées d’entre-sois - dans des quartiers presque réservés (loyers élevés, donc ça trie pas mal), possédés par des metro. mais sécurisés et entretenus par des autochtones - c’était que le local n’était pas assez compétent, fainéant... et tous les poncifs raciaux du bon évangélisateur, appliqués tant au mahorais qu’à l’anjouannais, tandis que le mahorais tendait à se disculper en rejetant la faute sur l’anjouannais illégal. Le fameux « diviser la communauté d’humains pour mieux régner ».
A l’époque, on blâmait ces pauvres hères qui ne comprenaient pas notre apport culturel, et qui devenaient de plus en plus anti-blancs...
Pendant 2 ans, j’ai vécu dans une région colonisée, en tant que colonisateur, non par la formation que j’apportais, mais par les différenciations salariales et l’entre-soi permanent, et lorsque je suis rentré, les amis et collègues niaient ce truc comme un inconscient collectif qu’on ne souhaite absolument pas voir. J’en ai été malade, et je redoutais déjà ces jours où les plus jeunes trouveraient des motifs d’exclusions à leur portée. Tous les jours, mes stagiaires de 18 ans avec qui je parlais me disaient : « les français, vous êtes racistes ! »... et c’était vrai. 
Qu’est devenue aujourd’hui Mayotte, quel est le taux de salaire horaire, qui possede les intérets économiques, quelles sont les possibilités réelles des mahorais de « s’émanciper » socialement, etc..., je ne sais pas, mais si la tendance s’est poursuivie comme je l’ai vécu, je peux comprendre ce qui se joue.

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