Commentaire de christophe nicolas
sur Réacteurs nucléaires EPR en Grande-Bretagne : Theresa May offre à EDF une opportunité unique pour annuler le projet… sans perdre la face


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christophe nicolas christophe nicolas 19 septembre 2016 13:53

@JMBerniolles
J’ai la réponse en page 5, la cuve a deux composantes, austénitique à l’intérieur et acier faiblement allié à l’extérieur.


Vous devez bien comprendre que l’ennemi des centrales nucléaires est le débit sur des phases ferromagnétiques (acier ferritique CC). La phase austénitique CFC n’est pas ferromagnétique mais en général hors équilibre après une trempe, la transition étant autour de 720 °C. L’irradiation bouleverse la structure de l’acier qui a tendance a se recomposer dans sa phase d’équilibre avec de la ferrite donc les pièces à coeur sont en inox austénitique à l’équilibre (beaucoup de Chrome). Certains aciers n’ont qu’un traitement de surface et c’est un piège parce que de la ferrite se reforme sous l’oxyde de chrome. Lors d’une trempe on peut fabriquer de la martensite qui est plus ou moins ferromagnétique et très dure donc susceptible à la fissuration.

Le débit très important des centrales agit subtilement sur la matière ferromagnétique, en fait, plus que le débit, ce sont les zones d’accélération du liquide ou du gaz mais c’est toujours le cas à l’interface. L’effet est variable suivant la nature du liquide, le plus dangereux étant l’hydrogène mais il y a les ions OH et l’eau du primaire se charge de microparticules à la longue qui ont des effets nocifs, le fameux cobalt 60 par exemple.

La phase austénitique est protégée, les alliages de Nickel au dessus de 354°, température de Curie. Les aciers austénitique écrouis sont plus fragiles puisque la phase a été perturbée. Les soudures reforment souvent la phase ferritique et ont des contraintes résiduelles d’où l’extrême vigilance dans ce domaine surtout après les problèmes rencontrés dans les premières centrales, c’est le syndrome du doigt de Monju.

Toutes les difficultés sont regroupés sous le terme de corrosion sous contrainte à chaud en milieu irradié, c’est le fourre tout totalement empirique.

Avec le vieillissant, toutes les phases ont tendance à revenir à l’équilibre, la ferrite donc les centrales nucléaires vieillissent mal. Les surgénérateurs ont un cœur plus énergétique alors forcément, ont augmente le débit dans le coeur où on utilise un matériaux plus dense que l’eau et on va vers une augmentation des problèmes au point que le débit peut jouer sur la réactivité du coeur et les seuils des réactions chimiques comme la fameuse oxydation du zirconium. Je suis désolé de le dire mais phénix et superphénix étaient des réacteurs potentiellement hors contrôle d’ailleurs l’accident de Tchernobyl est totalement lié aux variations du débit mais ils ne pouvaient pas vraiment le prévoir même s’ils se sont mis hors marge de fonctionnement pendant leur essai. Toute la filière des surgénérateurs est dangereuse comme le sera ITER, les ingénieurs ne disposent pas des connaissances leur permettant une sûreté de conception.

Lorsque la filière comprendra les réactions de fusion basse énergie, je peux vous dire qu’ils iront allumer des cierges dans les églises en comprenant ce qu’ils ont fait avec les centrales nucléaires classiques. 

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