Commentaire de Hervé Hum
sur Gouvernance et médiocratie


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Hervé Hum Hervé Hum 12 décembre 2016 09:43

Bonjour JL,

je viens de lire votre longue présentation en tant qu’auteur et vous montrer une autre confusion néfaste.

Vous finissez ainsi :

. Le libéralisme est en passe de démontrer la justesse de cette prévision d’Hannah Arendt qui disait : « Si nous nous obstinons à concevoir notre monde en termes utilitaires, des masses de gens en seront constamment réduites à devenir superflues. Ce n’est pas le travail qui disparait mais l’utilité des travailleurs pour le capital. »

 

Ce n’est pas l’aspiration à l’égalité qui s’oppose à la liberté, c’est le besoin de sécurité. Les riches qui ne voient leurs semblables qu’en terme d’utilité, ont bien compris que seul l’argent leur procure à la fois la sécurité et la liberté indécente dont ils ont soif, c’est pourquoi ils n’en auront jamais assez."

Hannah Arendt se trompe complètement et fait dans le confusionnisme.

En effet, ce qui se conçoit en terme utilitaire par définition, c’est l’économie et non le monde en tant que tel, ce dernier comportant l’aspect utilitaire de l’économie et l’aspect ludique de la société dans ses aspirations culturelles. Autrement dit, autant le prolétaire économique que le propriétaire se doivent de penser l’économie en terme utilitaire, ce n’est pas là qu’est le problème. Vous confondez juste l’outil et le sujet, l’aspect utilitaire de l’économie et celui qui en a le contrôle. On ne peut donc concevoir le monde économique qu’en terme utilitaire, c’est sa raison d’être, mais il n’y a pas ou plus de raison de s’obstiner à vouloir des propriétaires économiques quand ce sont les salariés ou travailleurs seuls qui font tourner la machine économique. Hannah Arendt confond le marteau et la main qui le tient.

Le problème se situe donc dans la chaine de relation de causalité, c’est à dire, que dans le système capitaliste fondé sur la propriété (privé par définition) de l’économie, le travailleur fait partie de l’outil de production au même titre que la machine. Mais, supprimer la propriété ne change pas le fait que c’est toujours le travailleur qui fait tourner la machine et est donc pensé en terme d’utilité dans l’appareil de production. La différence tient alors dans la redistribution de la richesse produite et du profit.

Conséquence, dans une économie communiste, le principe utilitariste dans le processus économique ne change pas, ce qui change, c ’est la notion de profit qui est alors collectivisée, c’est à dire, pensée en terme de gain de productivité et où le but avoué est de diminuer la charge travail pour augmenter le profit en terme d’activité choisi.

Seulement, l’exploitation d’autrui étant alors interdite, chacun doit s’exploiter lui même et ce, en étant le plus utile aux autres et non en capitalisant le travail, l’utilité des autres à son profit exclusif. L’intérêt est alors décalé d’un degré, c’est à dire, que chacun le trouve dans son utilité à faire prospérer la société, sans pour autant que cela soit un impératif de vie, loin s’en faut !

Je le résume ainsi

l’intérêt général est la somme des utilités particulière à l’accomplissement de la volonté générale, définit par la somme des besoins et aspirations de chacun, dans la limite des contraintes environnementales et des droits/devoirs intergénérationnels.

Où, nul ne peut prétendre à plus de droits qu’il n’accomplit de devoirs et nul ne peut se voir exiger plus de devoirs qu’il ne réclame de droits.

Aucun système économique peut se penser en dehors de l’utilité de ses acteurs, sauf si ladite économie est totalement automatisé dans tous les secteurs, tant de production de marchandise que de service.

Il faut donc faire la différence entre être utile à son maître et être utile à son partenaire.


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