Commentaire de Cazeaux
sur Pourquoi le fascisme ne me fait plus peur


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Cazeaux Cazeaux 7 mars 2017 23:20

@Pierre JC Allard
Heureux que ma mise au point « historique » à un « i » près - je ne pratique hélas pas l’espagnol - ne vous ait pas offensé. Je me permets d’insister sur la 2e partie de mon propos, savoir l’origine soviétique de l’usage courant du mot fascisme

Il se trouve que nous avons un voisin russe avec qui nous sommes devenus amis, qui est en quelque sorte un enfant du stalinisme, universitaire qui a bénéficié des privilèges accordés aux scientifiques par le régime d’alors dont il demeure nostalgique. Ce sont mes conversations avec lui qui m’ont permis de comprendre le glissement de sens qui a dénaturé la signification originelle de la notion de fascisme. 
Le fascisme, il y aurait tellement à en dire, n’aura pas duré longtemps. Il a été vaincu en 1945, en même temps que l’Europe et l’ancien monde qu’elle portait. L’une des pistes pour tenter de comprendre ce courant réside dans l’aspiration paradoxale de toute une partie de la population d’Europe à conserver son identité tout en recherchant une voie unitaire et sociale à l’inexorable modernité en marche. Ce fut un piège qui a tourné à l’apocalypse mais il est peut-être injuste de jeter facilement la pierre à ceux qui ne voulaient ni du Goulag ni de la Ctiy et de Wall Street.

Une autre piste, très méconnue, est à lire chez le poète maudit Brasillach. Il a livré des commentaires d’une grande lucidité sur la nature romantique du fascisme. Selon lui, et il savait de quoi il parlait en tant que fin connaisseur de la littérature moderne et contemporaine, le fascisme fut l’achèvement du romantisme, avec cette dimension tragique de l’existence qui le distingue radicalement du libéralisme et du socialisme marxiste. 

L’erreur d’appréciation majeure consiste à confondre fascisme et dictature militaire ou policière. Pinochet ou les colonels grecs n’avaient rien de fasciste. Quant à cette notion d’inégalité en laquelle vous voyez un critère fort, je ne pense pas qu’elle soit propre au fascisme. Il y avait chez les fascistes, mais pas qu’eux, un rejet de l’égalitarisme, l’égalitarisme perçu un mensonge démagogique ; et en même temps l’affirmation décomplexée d’une fierté identitaire. Le chant historique du fascisme, Giovinezza, exalte cette dimension dès son premier vers : Salve o popolo di eroi, salut ô peuple de héros.
Cette fierté peut être perçue comme affirmation d’une supériorité. Mais alors, que de fascistes tout au long de l’histoire, à commencer par nous les Français, ...jadis.

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