Commentaire de Luniterre
sur Le salaire universel ou le grand tournant de la valeur


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Luniterre Luniterre 11 mai 2017 22:10
Article intéressant, et qui a surtout le mérite de rouvrir le débat sur la notion de valeur, et par voie de conséquence, sur la relation entre le travail et la création de valeur.

En même temps, là aussi réside sa plus grande faiblesse, à cause du fourre-tout de « valeur économique » derrière lequel il englobe toutes les formes de la valeur.

On ne peut, dans un post, les passer toutes en revue, mais il n’est pas inutile de rappeler que la première forme phénoménale de la valeur est la valeur d’échange.


Pourtant, cela ne suffit pas forcément à y voir plus clair, tant les formes et les termes de l’échange peuvent varier selon les contextes.

Concernant le lien entre travail et création de valeur, tel qu’envisagé dans l’article, il y a peut-être un moyen radical de l’aborder en posant carrément la question :


Quelle valeur le capitaliste crée-t-il par son propre « travail » ?

Si l’on considère que son « travail » consiste à accumuler du capital, il se borne donc à accumuler de la valeur crée par d’autres dans la société, et non à en créer par lui-même.


Si l’accumulation du capital permet, par l’accumulation des forces productives, leur développement, voire leur développement exponentiel, jusqu’à un certain point, il ne permet donc aucunement, et par définition, d’arriver à un équilibre économique.

Parce que l’équilibre économique réside, précisément, dans l’équilibre de l’échange.

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"Au delà des nouveaux rapports de production : Une vision hétérodoxe de la valeur économique s’impose permettant de reconnecter progressivement valeur d’usage et valeur d’échange"


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Nous propose l’auteur... Fort bien, mais cette « reconnexion » a-t-elle un sens en dehors de celui de la recherche d’un équilibre économique entre producteurs de valeurs d’échange et « usagers » de la valeur ?

Il est clair que si tous les producteurs sont aussi des « usagers », tous les « usagers » ne peuvent pas être des producteurs, pour les tranches d’âge, enfants, personnes âgées, et autre cas qui ne peuvent être intégrés dans une activité productrice.

L’équilibre économique et social suppose donc toujours une certaine mutualisation des valeurs créées par le travail.

Or cette part de valeur mutualisée est bien une valeur créée en supplément de celle strictement nécessaire aux producteurs considérés eux-même en tant qu’usagers.

C’est, inévitablement, une part de la plus-value crée par le travail.
Une part qui ne rentre plus directement dans le cycle d’accumulation du capital.
Il est donc logique, dans le système capitaliste, que les capitalistes cherchent à la réduire et non à l’augmenter.


C’est pourquoi le « revenu universel/salaire à vie » est nécessairement un piège.

Il n’y a que les travailleurs-producteurs de valeur qui ont intérêt une gestion collective et contrôlée par eux-même de cette part de plus-value indispensable.

Et si une autre part de plus-value est réellement nécessaire pour plus de développement économique, ce ne peut être que dans le but d’améliorer cet équilibre général, avec sa composante mutualisée, et non dans un but d’accumulation du capital.

Accumulation, par elle-même, tout fait socialement inutile.

C’est pourquoi dire que l’émancipation des travailleurs ne peut être que l’œuvre des travailleurs eux-même n’est pas une formule creuse, considérée du point de vue de la loi de la valeur.

A noter encore que de ce point de vue, le paradoxe de l’allongement du temps de travail ou de son partage n’existe tout simplement pas. Il n’est que le paradoxe de l’absurdité de l’accumulation du capital.

Luniterre


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