Commentaire de TaumahFrensouah
sur Lobotomie générale des citoyens : votre avis les enrichit


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TaumahFrensouah 11 septembre 2017 18:07

@ Léonel Houssam

Votre analyse m’a beaucoup parlé. En effet, j’en ai vécu une partie il y a peu de temps : la carotte du capitaliste (ou de l’actionnaire) que l’on pent sous le nez du cadre et qu’il prendra finalement à un tout autre endroit en fin de carrière (aussi courte soit-elle), comme le reste des moutons prolétaires.

Tout juste sorti de ma « petite » école d’ingénieur, je suis devenu chef de projet en Suisse, dans une filiale d’un des plus gros groupes de luxe au monde.

Haute-horlogerie, entreprise familiale mythique rachetée par ledit groupe, rendements initiaux au plus bas, bonus des cadres en fonction des performances personnelles, de l’entreprise ainsi que celles de la bourse.

Ce n’était pas pour déplaire lorsque l’action dudit groupe était à la hausse et que le rendement était bon. Je travaillais personnellement sur la performance en production, allant de projets terrain (rationalisation des postes de travail et des flux) à de gros projets d’investissement en vue d’augmenter la productivité dans un milieu jusqu’alors très manuel et archaïque.

Avantages : diminutions multiples telles que le taux de rebuts, les gaspillages de toutes sortes, etc. Augmentation forte du rendement et autosatisfaction de l’opérateur à travers ce rendement.

Inconvénient : à volume de commandes équivalent, diminution de la masse salariale.

Si je peux tirer une conclusion par rapport à la haute-horlogerie (où je travaillais), c’est bien la suivante : le capitalisme induit une gestion financière stricte et des évolutions de rendements que la direction du groupe souhaiterait exponentielles (en vue d’accroître les dividendes et de faire croître sans cesse le capital), surtout lorsque le groupe qui rachète (en l’occurrence un nom qui se rapproche fortement d’une grande marque de fromages...) les petites entreprises à tour de bras a une base financière et non industrielle. Cette gestion financière stricte identifie rapidement le centre de coût principal : la main d’œuvre. Suivent les industrialisations à outrance (en Suisse : avec les têtes « pensantes » françaises) et la délocalisation (ou sous-traitance) à l’étranger. Et le petit opérateur suisse, mené par le bout du nez au cours de quelques éphémères missions de polyvalence pseudo-valorisantes, vide son casier de vestiaire en 30 minutes sous l’œil du vigile dont la position est finalement tout aussi précaire.

En ce qui concerne le questionnaire, je l’ai vécu, comme beaucoup, sous forme d’évaluation annuelle personnelle. « L’enquête » n’est conduite que par un seul « client » : mon responsable. Cependant l’état d’esprit reste le même : juger froidement le rendement et la qualité du travail de la personne afin de définir la compatibilité de cette dernière avec le schéma défini par le comité d’administration...


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