Commentaire de Luc-Laurent Salvador
sur Même balancé, le porc n'est pas un bouc émissaire !


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Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 31 octobre 2017 14:48

@cevennevive

Je comprends vos sentiments, jusqu’à un certain point je les partage, notamment sur le caractère ignoble de l’expression.
Comme je n’ai pas évoqué cet aspect jusqu’à présent, c’est peut-être le moment.
Oui, indiscutablement, le terme « porc » est ignoble (je zappe l’ignominie généralement associée au fait de balancer, elle est ici non pertinente car associée au registre argotique des mauvais garçons avec leur code d’honneur complètement hors de propos).
« Porc » est ignoble car il déshumanise celui qui est ainsi désigné. C’est peu contestable mais justement, cette déshumanisation n’est jamais que la réplique de la victime à celui qui, par ses paroles mais plus généralement, par son comportement, l’a elle aussi déshumanisée en la traitant de manière bestiale, mû par un désir animal, ne voyant en elle qu’un objet de satisfaction libidinale et certainement pas une personne à qui le respect est dû.

D’un point de vue d’une éthique non violente (à laquelle j’adhère en principe, mais honnêtement j’ai des progrès à faire pour la pratique), cette réplique apparaît maladroite.
Elle est probablement un facteur clé de la levée de boucliers contre cette forme d’action mais doit-elle être jugée rédhibitoire ? Je ne le crois pas.
 
En effet, la déshumanisation ici à l’oeuvre n’est pas idéologique, elle ne ressortit pas à ces déshumanisations dont l’histoire humaine est replète et qui ont été à l’origine de tant de massacres et/ou de génocides.
Aucune meute de femmes en furie ne va se mettre à massacrer des mâles parce qu’ils seraient vus comme des animaux, comme des porcs dont on peut disposer librement. Lorsqu’on trouve quelque chose d’équivalent dans la mythologie, avec notamment les bacchantes, il y a de bonnes raisons de penser, selon René Girard, qu’il s’agit d’une pure inversion mythique et que cette violence destructrice inspirée par Dionysos était en réalité masculine.
 
Bref, il y a très peu de chances de nourrir par là une violence physique des femmes contre les hommes (hormis les rares exceptions qu’on peut imaginer et que Piere Chalory a illustré avec un exemple intéressant vu qu’encore une fois il s’agit d’une violence masculine).
 
Maintenant, incontestablement, cela peut nourrir une violence verbale mais quand la parole se libère, quand elle dit son fait à l’agresseur, elle est bien difficile à « contenir » et dans la mesure où c’est la vérité qui est dite, on pourra juger que le fond vaut bien que l’on ferme un peu les yeux sur la forme.
 
Cela fait quand même quelques millénaires que l’on ferme les yeux sur la brutale domination des femmes par les hommes. Alors, au moment où ces dames se lâchent, on peut bien leur accorder une forme d’expression « virile » n’est-ce pas ?
 
Voilà mon point de vue, ce qui m’a amené à considérer qu’il y avait là une forme d’action légitime et d’abord parce que, je le rappelle, même balancé, le porc n’est pas un bouc... émissaire smiley !


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