Commentaire de Jean Dugenêt
sur François Asselineau versus Jean-Luc Mélenchon


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Jean Dugenêt Jean Dugenêt 14 avril 2018 19:13

@papakill
Je me suis renseigné sur les faits de 1981 à 1984 ce qui m’oblige à revoir ce que j’ai écrit précédemment. Voilà ma version revue et corrigée.

Je suis d’accord pour 1983 ou 1984. Je considère comme date charnière la démission d’Alain Savary le 12 juillet 1984. Elle sera suivie de la démission du premier ministre Pierre Mauroy le 17 juillet 1984 ce qui marque assurément un changement d’orientation. On considère généralement que le tournant a été amorcé dès 1983. Il s’agit essentiellement de l’abandon des promesses et des revendications pour une véritable réforme laïque de l’enseignement.

Mitterrand, dès qu’il a été élu a œuvré pour sauver les avantages de la hiérarchie catholique menacée par une forte aspiration et une promesse pour une profonde réforme laïque de l’enseignement. Il a nommé Alain Savary Ministre de l’Education Nationale lequel lui a fait l’affront de mettre au point dès 1982 un projet de « grand service public laïque et unifié » de l’éducation. Alain Savary sera désormais l’homme politique que François Mitterrand détestera le plus quoiqu’il se trouvera bientôt concurrencer à ce grade par Michel Roccard. Mais de 1981 à 1983, François Mitterrand ne pouvait pas encore s’affranchir de toutes les promesses et des accords internes au PS sur lesquels il était engagé ce qui l’obligeait à devoir supporter Alain Savary. Mais il était hors de question pour Mitterrand de faire passer la loi Savary. Ce n’est que le 18 avril 1984 que le projet est adopté par le Conseil des ministres et la loi est votée par l’assemblée nationale le 22 mai 1984. Pourtant cette loi Savary était loin de reprendre les revendications du Programme Commun de la Gauche. C’était un compromis que même l’UNAPEL et l’archevêque de Paris jugeaient à peu près acceptable.

Mitterrand reçoit les archiprêtres, ou autres représentants du pape, et élabore avec eux une stratégie pour que cette loi soit enterrée. Il met l’appareil d’Etat à leur service, en particulier la télé, pour qu’ils organisent une manifestation à Versailles le 4 mars 1984. Les journalistes de la télé ne trouveront jamais de termes assez forts pour majorer la réalité : grande, très grande, énorme, marée humaine, déferlement, rassemblement le plus important depuis 1944… Cela est évidemment faux. La manifestation du 13 mai 1968 était beaucoup plus importante que celle des versaillais et si les organisations ouvrières avaient appelé à une contre-manifestation on aurait assisté à un raz de marée. C’est, bien évidemment ce que ne voulait pas François Mitterrand. C’est pourquoi, dans le même temps, il s’emploie à engluer la mobilisation populaire. Il étudie la question avec le CNAL (Comité National d’Action Laïque). Le peuple veut sa réforme. On va l’appeler à manifester dans 7 manifestations dispersées pour faire pâle figure en comparaison avec la manifestation unique des versaillais. Mitterrand peut enfin sortir son arme comme il l’avait promis aux représentants du pape. Désormais de la tête du PS jusqu’au plus petit militant de base, ceux qui continueront à réclamer leur réforme laïque se feront fermer le clapet avec le fameux « Mais alors ! Vous voulez la guerre civile ». Et à ceux qui parleront à Mitterrand de ses engagements avec le programme commun, il affichera son mépris de la démocratie en répondant « Bof ! Ce programme, je ne l’ai jamais lu ! ». François Mitterrand peut alors décider le 12 juillet 1984 de retirer le projet de loi. La trahison est consumée.

Il faudra voir quel a été le rôle des « lambertistes » de tout poil. Ils avaient appelé à voter pour Mitterrand dès le premier tour en mettant leur drapeau dans leur poche. Ils lui ont fourni un service d’ordre... Dans cette période Lambert à liquider la vieille garde des trotskystes purs et durs en commençant par Stéphane Just. Il a en même temps embauché Daniel Gluckstein qu’il a nommé comme dauphin (Quel sens aigu de la démocratie !). Il a fourni toute une flopée de cadres au PS qui, quant à soutenir le PS, ont jugé que le mieux était d’y adhérer. Rentre ainsi au PS toute la direction de L’UNEFet de la MNEF, où ils ont appris à pomper le fric des contribuables ; Jospin, Cambadélis, Mélenchon... Pour eux commence la période du carriérisme et l’apprentissage, sous la houlette de Mitterrand, de la fourberie, de la manipulation, des demi-vérités, des vrais mensonges, du double langage...


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