Commentaire de Christian Labrune
sur Irvin Yalom, Le problème Spinoza


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Christian Labrune Christian Labrune 13 mars 2019 22:51

Et il n’y en a pas chez les athées libertins du XVIIIème siècle qui ont placé leurs appétits devant tout le reste.

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@Gollum

Je suis désolé de devoir vous dire ça, mais votre proposition est idiote. C’est au XVIIe siècle que la morale chrétienne se trouve complètement disqualifiée par une réflexion qui commence à se développer sur les pièges de l’amour-propre, « amour de soi et de toutes choses pour soi » selon La Rochefoucauld. Il apparaît que le chrétien, même s’il prétend le contraire, ne peut s’empêcher de lorgner en permanence du côté de son salut personnel. Cette morale de boutiquier qui est celle de la bourgeoisie montante entre en conflit avec la morale aristocratique héritée d’Aristote. Le bourgeois thésaurise sans vergogne dans ce monde et accumule les bonnes actions pour s’assurer une place confortable en paradis. Dans la morale aristocratique, l’élégance est au contraire de dépenser, voire de se ruiner. Tout calcul d’intérêt est méprisable.
Relisez la scène du pauvre dans Dom Juan. Le pauvre prie « pour les gens de bien qui lui donnent quelque chose ». C’est énorme, et d’une ironie renversante. La morale chrétienne apparaît donc là comme une morale vulgaire et méprisable. Dom Juan, lui, ne dit jamais que Dieu n’existe pas, il s’en fout et il en prend le risque parce qu’il veut être totalement libre et décider souverainement de ses choix. « La plupart des vertus ne sont que des vices déguisés » dit encore La Rochefoucauld, et il apparaît dès lors, dans ce renversement des valeurs qui fonde une nouvelle éthique, que l’humilité chrétienne est assez proche de la tartufferie et qu’à l’inverse, ce que le chrétien dénoncerait comme le péché d’orgueil ressemble à la plus estimable des vertus héroïques. 


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