Commentaire de Étirév
sur L'outil du cogito et ses limites


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Étirév 5 avril 2019 09:57

Descartes, le « Cogito » et l’origine du langage.

Les théologiens soutiennent que l’homme primitif était en possession d’une langue parfaite qui lui avait été enseignée par Dieu lui-même. Et pour soutenir cette assertion, ils affirment qu’il eût été impossible à l’homme d’arriver à trouver le langage par ses propres forces et sans une intervention divine.

Nous admettons tout cela, mais nous affirmons que ce n’est pas un Dieu surnaturel qui a appris à l’homme à parler, c’est une Divinité naturelle, la Déesse-Mère, c’est-à-dire la Femme, plus avancée que l’homme dans l’évolution psychique et mentale, ce que tout le monde peut constater chez nos adolescents. Déjà la petite fille parle plus tôt que le petit garçon, mais, à l’âge de la maternité, c’est bien elle qui enseigne à ses enfants la première langue.

Ceux qui ne comprennent plus les origines et qui nient l’action maternelle dans la formation des sociétés primitives, ont expliqué l’origine du langage par une évolution lente, faite de tâtonnements.

Cette opinion a rencontré beaucoup d’adversaires, notamment de Humboldt, qui refuse d’admettre la marche informe et mécanique des langues.

Mais si le Dieu surnaturel des Théologiens avait été le révélateur du langage, il n’existerait qu’une seule langue comme il n’existe qu’un seul Dieu. Si les langues sont multiples, c’est parce que les Mères furent multiples et partout remplirent le même rôle éducateur, mais avec des différences de races, donc de prononciation, puis de langues.

Ces langues primitives sont partout la langue sacrée ; quoiqu’elles ne soient plus, nulle part, la langue vulgaire, elles sont cependant conservées comme langues-mères, langues-racines des idiomes que les hommes ont greffés sur ces formes primitives.

La langue est intimement liée à la pensée. La parole ne se conçoit pas sans le secours de la pensée préexistante, tandis qu’au contraire, la pensée se conçoit existant avant la parole. M. de Bonald disait : « Il faut penser sa parole, avant de parler sa pensée ».

Si Platon a dit que la pensée est le discours que l’esprit se tient à lui-même, cela vient de l’habitude que nous acquérons en naissant de parler notre pensée, habitude devenue tellement forte en nous que nous ne pouvons pas concevoir la pensée imparlée et, dès qu’une pensée se forme dans notre cerveau, elle se présente tout de suite à notre entendement sous la forme de mots. Si intérieurement nous parlons notre pensée, c’est tout simplement parce que nous avons appris à parler en même temps qu’à penser.

Par conséquent, lorsque Descartes voulut faire table rase dans son entendement, la première phrase qu’il aurait dû dire, pour reconstruire l’édifice de ses croyances, au lieu d’être son fameux : « Je pense, donc je suis », aurait dû être : « Je parle, donc je pense », car cette phrase qu’il prononçait mentalement, il la prenait dans sa connaissance qu’il avait du langage dont il avait oublié de se défaire comme de ses autres connaissances.

Faits et temps oubliés


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