Commentaire de Analis
sur La Syrie n'a pas gagné la guerre. La gagnera-t-elle ?


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Analis 9 mai 2019 12:02

D’accord, j’ai compris le bogue, moi qui m’arrachait les cheveux pour arriver à passer un message ! Et du coup, je n’ai pas pu poster la deuxième partie de mon message (que j’entendais découper depuis le départ), car je suis moins tendre pour le bon sens de Poutine que Korybko... :

Là où Korybko se trompe sur toute la ligne, c’est lorsqu’il pense que Poutine aurait dès 2015 imposé à Assad la partition de la Syrie, que cela aurait fait dès le départ partie des buts de son intervention militaire ! Oui, c’est sûr qu’il allait planifier l’affaiblissement de son seul allié de longue date, et la création de têtes de pont pour ses adversaires alors qu’il pouvait largement l’éviter ! Non, il s’agit bien de reculades de sa part. Ce n’est certainement pas suite à l’établissement d’un modus vivendi avec les USA en Syrie qu’il va les provoquer au Vénézuéla ! Non, c’est parce qu’il se retrouve avec une situation très défavorable qu’il cherche à rééquilibrer, situation résultant d’une incapacité à prendre les décisions qui s’imposaient. Il n’avait aucun besoin de déclencher la troisième guerre mondiale pour cela, vu l’avantage matériel dont il disposait au début de l’intervention russe en 2015, qui avait laissé sans voix les stratèges occidentaux. S’il avait eu la présence d’esprit et la force morale de le pousser alors, les états-uniens, français et britanniques auraient été défaits et n’occuperaient pas maintenant un tiers de la Syrie. Au lieu de cela, il a laissé les occidentaux déployer leurs troupes et leurs séides des FDS, a refusé de dénoncer leurs crimes et leur rôle dans le terrorisme syrien, les présentant comme des alliés dans la lutte contre ce dernier. Il a refusé d’aider les syriens à reprendre Raqqa alors que c’était tout-à-fait possible, leurs troupes ne se trouvant plus qu’à quelques kilomètres, et est même allé deux fois jusqu’à commencer de retirer ses forces, avant de se raviser face à la recrudescence des attaques des pions des occidentaux. C’est qu’il a fait preuve d’une étonnante cécité, en croyant toutes les assurances d’Obama et compagnie que les USA allaient retirer leurs troupes et cesser leurs soutiens aux terroristes, qu’ils soient de Tahrir al-Sham ou des FDS, ne se rendant compte à chaque fois que trop tard qu’ils n’étaient que de fieffés menteurs.


La même chose s’était déjà produite en Ukraine en février 2014. Après le coup d’État de février, contrôlé par la CIA, Poutine était allé benoîtement discuter avec Obama afin de régler tout ça « entre gens de bonne compagnie ». Ce qui était stupide, pour deux raisons. D’abord parce que si les néo-conservateurs avaient fait un coup d’État, dans un pays aussi crucial pour la Russie, ce n’était certainement pas pour revenir en arrière juste parce que Mr Poutine allait prendre langue avec eux, mais pour faire très mal à Mr Poutine. Ensuite, parce qu’il est très possible qu’il ait pensé pouvoir capitaliser sur sa relation personnelle avec Obama. Qu’il pensait très forte, suite à l’accord passé six mois auparavant afin d’éviter une catastrophe en Syrie suite aux attaques chimiques sous fausse bannière perpétrées par les rebelles soutenus par les Occidentaux (en échange notamment du silence sur la complicité occidentale). Mais il s’est trompé sur toute la ligne, Obama ne pensait qu’à se venger, il a laissé les réseaux impérialistes de son ministère des affaires étrangères commettre le coup d’État afin de blesser gravement les russes, et de se défausser de sa responsabilité sur ces réseaux – la tactique du déni plausible. Je pense désormais Obama a joué encore plus tard de cette astuce, en prétendant qu’il était le modéré qui devait se défendre des faucons de son gouvernement, et qu’il ne devait pas être affaibli par une opposition russe trop forte si ces derniers ne voulaient pas le voir débordé par ces faucons. Je reconnais que beaucoup s’y sont laissés prendre, Thierry Meyssan en premier, et moi-même suis tombé dans le piège. L’illusion Obama, même si j’avais des préjugés contre lui, cette illusion promus par tant de médias restait très puissante. Dans les derniers mois, cependant, il ne faisait même plus semblant, en nommant des faucons à des poste-clés.


Maintenant, le ton russe s’est infléchi, Poutine a réalisé que ceux qui ravageaient de façon sanglante la Syrie le faisaient parce qu’ils étaient des criminels en puissance, sans aucun respect pour quelque règle que ce soit, autre que leur intérêt à eux. Il s’est enfin décidé, avec sept ans de retard, à dénoncer les attaques sous faux drapeau et la propagande des occidentaux, alors qu’il est trop tard. Il essaie plus ou moins de se rattraper au Vénézuéla, où il apparaît beaucoup moins tergiverser qu’en Syrie, en appelant un chat un chat, un agresseur un agresseur, et en apportant vraiment une assistance au pouvoir vénézuélien. Il se peut qu’il soit aussi intervenu en Algérie, le site Alg24 ayant annoncé le mois dernier que la police algérienne avait arrêté des terroristes étrangers, israéliens semble-t’il (la nouvelle semble avoir été retirée, sans commentaires ni rectificatif, sans démenti officiel non plus, ce qui suggère qu’elle était très sensible), la suite d’une coopération russe ? Tandis que sur le front ukrainien, il se montre maintenant inflexible, mais c’est alors que des forces navales de l’OTAN peuvent désormais croiser près des côtes russes.


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