Commentaire de Cazeaux
sur Le président des milliardaires


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Cazeaux Cazeaux 25 août 2019 14:39

Bien que votre démarche ait toute ma sympathie, partageant l’intuition qui l’anime et appréciant les arguments que vous apportez, je me permets de pointer quelques inexactitudes et omissions qui affaiblissent votre thèse.

Si vous prenez la peine de lire mon article du 1er février 2017 (et les suivants) vous constaterez que votre idée d’un Macron président « fabriqué », résultat d’une stratégie de marketing politique sans précédent ne date pas de votre article et qu’elle souffre d’une vision monodimensionnelle, les milliardaires que vous citez n’étant qu’une facette du dispositif de mise sur orbite d’un parfait inconnu sans aucune base ou racine politique.

Parmi les inexactitudes, je relève :

  1. Macron aurait échoué à l’ENS à cause de son mauvais niveau en math. Il a présenté le concours de la filière littéraire de la rue d’ULM, dans lequel il n’y a, en toute logique, pas d’épreuve de math.
  2. Vous parlez de son passage à Rothschild comme si cela n’avait dépendu que de lui, candidature, entretien d’embauche. Or les choses ne se passent nullement ainsi pour le poste qu’il a occupé. Depuis fort longtemps, les Rothschild hébergent des hauts fonctionnaires très proches du plus haut niveau de l’Etat, ceci dans un contexte de collusion, d’échange de « bons procédés ». Le mystère avec Macron réside dans le fait qu’il a été recruté avant d’acquérir le blason suffisant. Il n’avait que quelques années à l’Inspection quand, pour ne citer que deux exemples, un Pompidou y est entré après huit ans de très proche collaboration auprès de De Gaulle, une Anne Lauvergeon chez Lazard, alter ego de Rothschild.

Parmi les omissions, je relève :

  • Vous n’évoquez pas sa scolarité l’ENA et de son passage à Sciences Po, vous ne pointez pas un autre mystère. C’est au stage en préfecture que probablement tout c’est joué, avec la rencontre de Henri Hermand, autre milliardaire douteux, bailleur de fonds du PS et à l’instar d’un Attali, recruteur bénévole de futurs talents destinés aux plus hautes sphères. Hermand connaissait beaucoup de gens dont le préfet auprès de qui Macron a fait son stage. Or il faut savoir que la note de stage joue un rôle capital dans le classement de sortie de l’ENA... De Sciences Po Macron ne dit presque rien dans son inepte « Révolution ». Un mystère y fait place cependant. Les étudiants désireux de présenter l’ENA y font, en tout cas y faisaient la section service public, dont le programme recoupe les épreuves du concours. Pourtant Macron a opté pour la section Relations Internationales, plutôt destinée aux futurs candidats à des postes à l’ONU ou la CE ou as des postes internationaux de grands groupes...curieux, n’est-ce pas.
  • Le rôle incontournable de Hollande. Jouyet est certes un personnage clé des hautes sphères, mais comme « porte flingue » de son ami Hollande. Or sans l’aval de Hollande, Macron n’entrait pas au SGal de la Présidence et demeurait un inspecteur des finances parmi d’autres. Sans cet épisode, il n’aurait jamais pu être nommé ministre, et sans être ministre, sa médiatisation éclair était impossible.

Enfin, votre article souffre sur le fond d’une focalisation sur une facette du système oligarchique qui mène le pays. Les milliardaires y jouent un rôle très fort mais ne sauraient l’exercer sans le soutien de hauts fonctionnaires politisés ou de grands patrons du monde politique. Exemple historique,Dassault. Dassault fut le plus gros bailleur de fonds du gaullisme mais il n’aurait jamais atteint sa puissance sans l’aide de De Gaulle qui a misé à fond sur l’arme atomique, créant ainsi une rente pour le constructeur des Mirage.


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