Commentaire de Jean Dugenêt
sur Mélenchon, un destin brisé ?


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Jean Dugenêt Jean Dugenêt 29 septembre 2019 19:01

@vesjem
Bonjour,
Je me permets d’intervenir ici pour apporter ma réponse à la question suivante :

« comment comprendre, sinon, que F I soit passée en 1 an de 20% à 6 % »

Je me contente pour cela de faire un copier-coller dans le livre que je prépare sur Macron.

"Nous donnons pour chacun des cinq candidats ayant eu les meilleurs scores les trois chiffres suivants : le nombre de voix, le pourcentage par rapports au nombre des inscrits et le pourcentage par rapport au nombre de suffrages exprimés

Emmanuel MACRON 8 657 326 / 18,19 / 24,01

Marine LE PEN  7 679 493 / 16,14 / 21,30

François FILLON  7 213 797 / 15,16 / 20,01

Jean-Luc MÉLENCHON 7 060 885 / 14,84 / 19,58

Benoît HAMON  2 291 565 /  4,82 / 6,36

Une première remarque s’impose : Emmanuel Macron a été bien mal élu avec seulement 18,19% des inscrits au premier tour. Ce sont de piètres résultats si on tient compte du fait que les électeurs ont été souvent abusés, que les voix ont été extorquées par d’honteuses méthodes de marketing. D’ailleurs, aujourd’hui que les gilets-jaunes sont probablement ses plus farouches opposants certains d’entre eux avouent avoir voté pour lui.

Une deuxième remarque s’impose aussi : s’il y avait eu un seul candidat des organisations ouvrières, il aurait remporté l’élection. Il suffit pour le voir de cumuler les voix de Jean-Luc Mélenchon et de Benoît Hamon.

14,84 % + 4,82 % = 19,62 %

Cependant, il est certain que si Jean-Luc Mélenchon avait été le candidat commun des organisations ouvrières, au lieu d’être chouchouté par la presse dominante, il aurait été violemment attaqué. Il traîne d’ailleurs des casseroles derrière lui dont nous aurions entendu parler. Nous en avons parlé dans notre livre « De François Mitterrand à Jean-Luc Mélenchon » au chapitre « Jean-Luc Mélenchon : des discours et des actes ». Rappelons l’essentiel. Nous avons fait état de certains faits révélés par Christian Schoettl, maire de Janvry dans l’Essonne. Ainsi, Jean-Luc Mélenchon a fait embaucher sa fille Maryline par le Conseil Général de l’Essonne en passant outre les règles d’impartialité. Il a utilisé un véhicule avec chauffeur du Conseil Général alors qu’il n’était plus au Conseil Général. Quand il était ministre, il ne participait quasiment plus au Conseil Général mais il n’a pas démissionné afin de percevoir les indemnités. Il a fait payer par le Conseil Général des prestations pour des services rendus par certaines de ses connaissances à des tarifs très élevés. Dans quelques autres cas, il y a aussi un décalage entre ce qu’il préconise dans ses discours et ses actes. Ainsi, il a invoqué son immunité parlementaire pour refuser de se rendre à des convocations de la justice après avoir affirmé qu’il était opposé à ce principe. Il a un joli palmarès en matière de cumul des mandats alors que le programme de la FI dit qu’ils y sont opposés. Et, son déplacement en jet privé aurait sans doute fait plus de bruit que la petite histoire de Porsche Panamera pilotée par Dominique Strauss Kahn si la presse en avait parlé. Bref ! quand on voit comment la presse dominante a massacré François Fillon qui était un vrai concurrent pour Emmanuel Macron, il est évident que cette même presse a chouchouté Jean Luc Mélenchon qui lui rendait service. S’il avait été considéré dangereux les médias ne l’auraient pas traité de cette façon.

Il faut en effet remarquer que Jean-Luc Mélenchon a obtenu un bon score avec 19,58 % des suffrages exprimés ce 3 avril 2017. Deux ans plus tard avec les élections européennes du 26 mai 2019, il a obtenu 6,31 % des suffrages exprimés, soit une division par trois en deux ans. Cela a créé un grand émoi au sein de la France Insoumise et nous avons eu droit aux réactions des dirigeants qui semblaient très accablés et surpris, mais incapables de donner une explication rationnelle à une pareille baisse de performance. Ils se demandent pourquoi leur électorat les a ainsi abandonnés. Bizarrement personne ne semble se demander pourquoi ils avaient obtenu une si brillante performance deux ans plus tôt. C’est à cette question que nous avons commencé à apporter une réponse en montrant que Jean-Luc Mélenchon n’était nullement dangereux pour les milliardaires lesquels avaient même tout intérêt à le ménager. Il y a une autre explication. Il faut être conscient des effets de la dynamique de l’unité. Reprenons le scénario très fictif d’un Mélenchon candidat unique du PS, du PCF et de la FI. Nous l’avons dit, il se serait fait dézinguer par la presse dominante mais il aurait néanmoins été élu car l’unité entraîne toute une dynamique de ralliement vers le candidat unique qui fait que le résultat ne se réduit pas à une simple addition. S’il fallait modéliser le processus, nous dirions que le résultat d’une coalition des trois partis a, b, et c, serait voix(a)+voix(b)+voix(c)+u avec cet énorme apport « u » des voix supplémentaires gagnées par la dynamique de l’unité.

Lors des présidentielles de 2017, à notre grand regret et pour le grand malheur des exploités, nous n’avons pas eu ce scénario. Néanmoins Jean-Luc Mélenchon est apparu comme le plus unitaire des candidats puisqu’il avait le soutien du PCF. Dans les faits, il n’avait rien fait, tout au contraire, pour l’unité, mais c’était tout de même l’impression qui se dégageait. Lors des élections européennes de 2019, non seulement il perd les voix des communistes mais il n’a plus du tout le bénéfice de l’unité en sa faveur. Tout au contraire, sa stratégie en jouant cavalier seul, apparaît comme une trahison envers ses alliés d’hier : le PCF. Dès lors, les militants de la FI ont bien tort de s’étonner de la différence des scores entre les deux élections."


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