Commentaire de microf
sur Politique économique et migratoire de M. Macron, pommade et violence : le Grand Bond en avant


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microf 11 novembre 2019 11:14

Franc CFA : avec l’annonce de Patrice Talon, « c’est un tabou qui est brisé »


Par Stanislas Ndayishimiye Publié le 08-11-2019 Modifié le 08-11-2019 à 18:13


Il s’agissait en fait d’un blocage politique ?

C’est un blocage politique, c’est une rente ancienne, c’est une rente historique. Pendant longtemps, 100% des réserves de la zone étaient conservées au Trésor public français. Et même quand on est passé à 65% dans les années 1970, les banques centrales africaines continuaient de verser quasiment 100% au Trésor public français. Donc, de toute façon, c’est une rente et ça fait partie des rentes coloniales indubitablement.

Une rente coloniale... À un moment donné, il faut que les sociétés s’expriment - et là les sociétés africaines se sont exprimées - il faut que les sociétés politiques africaines s’expriment. C’est encore à mon sens un petit peu insuffisant parce qu’il faut savoir que la monnaie est aussi du ressort des Parlements. On l’a oublié. On pointe le regard sur les chefs d’État africains, soit, mais dans les Constitutions africaines, les Parlements africains ont leur mot à dire.

On est très surpris de voir par exemple, et moi à titre personnel, que les oppositions politiques [ne se sont pas] empressées de prendre la parole sur ce point-là. Alors qu’elles n’ont pas été consultées pour la dévaluation, elles ne sont pas consultées pour les mouvements de l’euro qui impactent le franc CFA. Donc, en fait, on est à un stade où il va falloir effectivement que les hommes politiques prennent leurs responsabilités, de la même façon qu’un certain nombre d’auteurs, d’intellectuels et un mouvement social ont pris [les leurs].

Mais je crois que pour aller plus loin, puisqu’on est dans un processus de décolonisation économique, il s’agit aussi pour les sociétés coloniales, et là on parle de la France en particulier, de comprendre son intérêt, l’intérêt que les sociétés coloniales vont avoir à générer un nouveau rapport avec le monde. Et ce rapport doit être un rapport qu’en théorie des jeux, on appelle des jeux à somme positive, gagnant-gagnant. Il faut construire des jeux gagnant-gagnant désormais. Et les anciens modèles ne fonctionneront pas. Ils ne fonctionneront plus entre les Africains et l’Europe, entre les Africains et le reste du monde, mais ils ne fonctionneront plus non plus entre une partie des élites africaines et les peuples africains. Et le franc CFA en fait n’est qu’une partie de ces questions-là.

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