Commentaire de Jean Dugenêt
sur E. Macron va créer un nouveau conseil de déontologie journalistique qui menace surtout les journalistes libres !


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Jean Dugenêt Jean Dugenêt 3 décembre 2019 17:36

@velosolex
Je ne reproche pas au Canard d’avoir dénoncer les forfanteries de Fillon. Je lui reproche d’avoir fait comme s’il y avait quelque chose d’exceptionnel dans ces magouilles alors que ce genre de corruption se généralise dans notre société et dépasse même le cadre de la classe des crapules politiciennes. Ils ont choisi Fillon parce qu’il faisait de la concurrence à Macron. Ils ont d’ailleurs déterré des affaires anciennes dont ils n’auraient jamais parlé s’il n’avait pas été un candidat contre Macron. Ceux qui se sont laissé avoir à ce jeu sont bien naïfs. Voici exactement ce que j’écris à ce sujet dans mon livre « Macron Démission Révolution ».

"Mais tout ne s’est pas déroulé exactement comme prévu. La concurrence entre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé a fait émerger un outsider. C’est le pauvre François Fillon qui est sorti vainqueur du second tour des primaires de la droite le 27 novembre 2016 ! Dès lors, son sort était jeté. C’est lui qui allait se faire descendre et cela ne présentera pas de difficulté. Quand l’oligarchie euro-atlantiste décide d’en dégommer un, il lui suffit de regarder d’assez près et elle est certaine de trouver quelque chose qui fera scandale. Il est autant pourri, mais guère plus, que tous les politiciens de son rang. Il suffit donc de le faire savoir. Ce sera d’autant plus efficace qu’il a eu le tort de s’ériger en monsieur-la-vertu.

François Fillon est investi officiellement lors du Conseil National des Républicains du 14 janvier 2017. Onze jours plus tard, le Pénélope-Gate se met en branle avec un article du Canard Enchaîné du 25 janvier 2017. On se souvient que « Le Canard Enchaîné » ne s’est jamais déchaîné contre les mitterrandiens. Il n’avait jamais parlé de Mazarine avant que Paris Match, mandaté par François Mitterrand lui-même, découvre son existence. Pourtant, tous les comités de rédaction étaient au courant mais se taisaient respectant ainsi la conception mitterrandienne de la liberté de la presse. Immédiatement après l’information révélée par « Le Canard Enchainé » (à sa caste) des moyens exceptionnels étaient mis en œuvre pour procéder à un véritable lynchage médiatico-judiciaire.

La presse se trouve informée rapidement de faits parfois vieux de plus de vingt ans. Le parquet financier se saisit de l’affaire avec une rapidité hors norme et mène ses premières investigations de façon fulgurante sans qu’elles aient pu être préparées à l’avance. La descente de police dans les locaux du Parlement, sans protestation du président Bartolone, est une violation du principe de séparation des pouvoirs. L’ouverture d’une enquête préliminaire sur un parlementaire dans l’exercice de ses fonctions, sans qu’elle ait été précédée d’une enquête du bureau de l’Assemblée, est anticonstitutionnelle. La divulgation dans la presse des éléments du dossier est une violation du secret de l’instruction. Les reproches qui sont faits à François Fillon sont justifiés mais il y a, dans cette affaire, une manifeste instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Il y a, à l’évidence, un dévoiement des services de l’État. Quand les ordres viennent de l’oligarchie euro-atlantiste tout est possible.

Il faut par ailleurs prendre la mesure relative de l’importance des faits qui lui sont reprochés dans une société où la corruption se généralise. Qu’a-t-il donc fait que les autres ne font pas ? Comme tous les riches, il a tendance à minimiser la valeur de son patrimoine quand il fait sa déclaration d’impôts. Dans son milieu, quand on offre un costume ou une montre à quelqu’un chacun sait qu’on ne l’achète pas dans la grande surface du coin. Il a la possibilité de recruter du personnel bien payé pour un travail peu contraignant. Eh bien donc ! Il choisit sa femme et ses enfants. Le vrai scandale et que, comme bien d’autres, il ait la possibilité de faire ça. Regardez-donc à l’université comment sont choisis les maîtres de conférences ou au CNRS comment sont choisis les ingénieurs de recherche. Les femmes, les maîtresses, les enfants, les gendres et les brus des « gens en place » ont une priorité absolue et ce n’est pas pour quelques mois que sont ainsi recrutés des incapables. C’est pour toute une vie que sont ainsi payées des personnes pour faire de la recherche alors qu’elles n’en feront jamais. Pour faire néanmoins avancer la recherche ces « gens en place », tel que Bernard Victorri qui fut directeur adjoint du CNRS et s’est particulièrement illustré dans ce domaine, font marner des thésards qu’ils sacrifient comme de la chair à canon. Ces pratiques sont tellement habituelles qu’aucun recours ne peut aboutir et qu’en conséquence les victimes ne sont jamais indemnisées. Souvenons-nous aussi que le coiffeur de François Hollande a gagné en cinq ans davantage que Pénélope Fillon en douze ans. Et, à l’Assemblée Nationale, en 2014, 52 épouses, 28 filles et 32 fils de députés ont été rémunérés. Bruno Le Roux qui fut ministre de l’intérieur, avait auparavant, en tant que député, fait signer 24 contrats à ses deux filles embauchées, dès l’âge de seize ans, comme collaboratrices parlementaires alors qu’elles étaient lycéennes et étudiantes. Bref ! Ils sont tous comme ça. Et même Jean-Luc Mélenchon ne fait pas exception (voir dans notre livre : « De François Mitterrand à Jean-Luc Mélenchon » le chapitre « Jean-Luc Mélenchon : les discours et les actes »). Alors, il faut bien reconnaître qu’il y a eu un matraquage médiatique pour l’abattre et un gros travail de communication pour le faire passer ainsi pour pire que tous les autres. Notre intention n’est pas de défendre François Fillon, ni de pardonner les faits pour lesquels il s’est fait descendre, mais de bien comprendre ce processus médiatique qui manipule les consciences collectives. Certainement que là aussi des spécialistes de la communication étaient à l’œuvre.

Remarquons d’ailleurs qu’autant il était important pour l’oligarchie de descendre Fillon, le concurrent de Macron, autant ils n’avaient rien à craindre ni de Jean Luc Mélenchon ni de Benoît Hamon. Ils les ont donc chouchoutés tout en réservant le service grande classe pour Emmanuel Macron."


Voir ce commentaire dans son contexte