Je ne fais pas la grève, cela ne sert à rien et ça ne fait chier que les pauvres.

Je ne vote plus, puisqu’on ne me permet plus que de choisir entre Charybde et Scylla.

Je fermes ma gueule (sauf ici de temps en temps pour évacuer un peu de frustration), je bosses, j’économise et j’investis aussi intelligemment, durablement et éthiquement que possible, histoire de m’assurer un minimum de « sécurité alimentaire ».

Mais je suis un « petit », et quand j’arrive à mettre 5 sous de côté, on m’invente un nouvel impôt, une nouvelle taxe, une nouvelle entente illicite entre « grands », une nouvelle guerre qui fait monter le prix du pétrole, ou mieux encore, un nouvel « effort de solidarité » et on m’en reprends 6.

Pourtant moi, ça ne m’emmerde pas de partager mon superflus avec ceux qui ont moins.

Ce que j’ai plus de mal à admettre, c’est de devoir partager mon essentiel avec ceux dont le seul mérite être d’être nés riches.

Je féliciterais bien Jeff Bezos pour ces premiers 50 milliards, bien mérités pour avoir su concrétiser une idée « pas loin d’être géniale ». Je ne suis pas certain de pouvoir le féliciter pour les 30 derniers gagnés se servant des 50 premiers pour écraser et exploiter sans vergogne.

Ainsi, je vais mon petit chemin en essayant de m’en sortir sans trop nuire à la planète et à mon prochain, comme le colibri qui apportait goutte après goutte pour contribuer à éteindre l’incendie.

Mais que les puissants se méfient tout de même, à force de me faire chier, ils vont finir par vraiment m’énerver.

En 15 ans ils m’ont déjà reculé 4 fois l’âge de la retraite, ils m’ont raboté le pouvoir d’achat, il m’ont grignoté mes droits de citoyen et d’électeur.

Qu’ils sachent tout de même que si cette terre porte une majorité de moutons bons à tondre, elle porte aussi quelques blaireaux : gentils mustélidés discrets et travailleurs, plus occupés à creuser leur trou qu’à envahir celui des autres.

Mais le blaireau, quand on le piétine un peu trop, révèle parfois son « ascendant Pitt Bull » ... Même le puma sait qu’il ne faut pas acculer un blaireau dans son terrier.

Je vous promets que le jour où j’en aurais marre, je n’irai pas mettre un gilet jaune sur un rond-point, je n’irai pas brûler la voiture de mon voisin, ou casser la vitrine d’un commerçant.

Ce jour là, les puissants, enfin, les survivants, auront un nouveau « terroriste » à jeter en pâture au « bon peuple » médiatique ...