Commentaire de Un des P’tite Goutte
sur Le paradoxe de la caissière
Voir l'intégralité des commentaires de cet article
@Séraphin Lampion
Bonjour Séraphin Lampion et Monolecte.
J’ai entendu la première fois parler du concept sous le nom de « double contrainte » avec le corollaire « d’injonction paradoxale » dans le milieu du travail, en entreprise. On me l’a présenté comme un ordre donné de la hiérarchie et simultanément l’absence de moyens donnés pour pouvoir exécuter celui-ci, ce qui met la victime en état d’inconfort, d’infériorité voire pire. Elle ne se sentira jamais pleinement satisfaite et pas non plus dans l’accomplissement de la tâche. Le pouvoir hiérarchique s’en trouvera conforté, la relation de domination établie. En fait le mécanisme est plus précis et formalisé, tel que je le retrouve dans « JDN, Chronique de Christophe Faurie Cabinet Faurie » :
« Un mécanisme diabolique
Injonction paradoxale ? Placer une
personne entre deux obligations contradictoires. L’une est consciente, l’autre
non. Toute la puissance de la technique vient de cette partie inconsciente. En
jouant sur elle, on court-circuite le libre arbitre de la personne. On obtient
d’elle ce qu’elle ne « veut » pas faire.
Pour cela, on utilise ce à quoi une personne tient le plus. Par exemple son
sens de l’honneur, l’amour qu’elle éprouve pour vous, le respect qu’elle doit à
ses parents, sa peur de la mort, des souris ou de perdre son emploi…
1984, d’Orwell, parle d’injonction paradoxale. Elle est consubstantielle au
totalitarisme. En particulier, le totalitarisme exige qu’on l’aime spontanément
!
Ce qui équivaut à faire disjoncter notre raison. Et à nous transformer en
machine.
Obtenir l’impossible
Un avocat m’a parlé du cas suivant. On
demande à un manager d’augmenter la rentabilité de son unité par réduction de
coûts. Impossible de refuser, sous peine (implicite) de perdre son emploi ou
d’être mal noté. Plus il fait d’économies, plus les choses empirent. Épuisement
à la tâche, et suicide.
L’injonction paradoxale rend possible de demander l’impossible. Depuis Enron,
elle fait des merveilles pour l’entreprise.
(…)
Que retenir ?
Haut du formulaire
L’idée
clé ici est celle de contrat. Ne jamais s’engager dans quoi que ce soit sans
savoir précisément comment réussir. Attention au tacite. Il tue.
Et un exercice, pour finir. Qui nous a appris à aimer les desserts, les
cadeaux, l’argent, les jeux vidéo ou la télévision ? Quelle était son
intention, à votre avis ?
Références
- L’histoire d’ENRON : EICHENWALD, Kurt, Conspiracy of Fools : A True Story, Broadway Books, 2005.
- L’injonction paradoxale s’appelle « double bind » en anglais depuis qu’elle a été étudiée par Gregory Bateson. Il en a fait une cause de schizophrénie. BATESON, Gregory, Steps to an Ecology of Mind (Morale and National Character), The University of Chicago Press, 2000.
- Aimer le totalitarisme : WATZLAWICK, Paul, Les cheveux du baron de Münchhausen, Seuil, 1991. »
Et :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Double_contrainte