Commentaire de Surya
sur Des enseignants rendent hommage à leur collègue suicidée : une retenue sur salaire !


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Surya Surya 14 février 2020 12:29

Je ne comprends pas pourquoi cette femme ne s’est pas plutôt mise en arrêt maladie, pourquoi elle a cru que la seule porte de sortie qu’il lui restait, c’était le suicide. 

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N’était-elle pas suivie psychologiquement par un professionnel de santé  ? Dans l’état où elle devait se trouver, je suis persuadée que n’importe quel médecin l’aurait immédiatement arrêtée. Elle devait sans doute culpabiliser à l’idée de se faire arrêter.

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Il y avait aussi pour elle la possibilité de démissionner et de changer de métier. Il y a des centaines de métiers intéressants vers lesquels se tourner. Cela dit, c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire ! Les indemnités chômage ne s’appliquent pas aux travailleurs démissionnaires, et le nouveau dispositif mis en place par le gouvernement permettant aux salariés de toucher le chômage en cas de démission est paraît-il un véritable parcours du combattant, très peu voient leur dossier accepté, et je ne sais même pas si les fonctionnaires peuvent en bénéficier. 

De plus, son estime d’elle-même était probablement démolie au point qu’elle pensait peut-être être incapable de faire quoi que ce soit d’autre de sa vie. Elle a dû se sentir coincée, alors qu’elle ne l’était peut-être même pas. 

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Je dis « elle a dû », « probablement »... évidemment j’en sais rien, mais j’essaye de comprendre ce qui a pu la motiver pour faire cette chose épouvantable et irréversible, mais pour les raisons évoquées plus haut, j’ai moi aussi du mal à croire que ses soucis professionnels (« il faut faire ceci », « il faut faire cela », « on doit voir les parents », etc...) ont été le seul facteur déclenchant son passage à l’acte. 

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C’est affreux, mais je me suis même demandé si elle n’avait pas choisi de se suicider dans l’unique but d’alerter l’opinion publique et les autorités sur l’état de l’enseignement en France et les conditions de travail désastreuses des enseignants. « Sacrifier » et d’ailleurs un mot employé par l’auteur de cet article. Personne n’est sur cette terre pour jouer les héros, on n’a qu’une seule vie, et il faut tout faire pour la réussir le mieux possible. 

Bref, cette femme était au bout du rouleau, et elle aurait dû se faire arrêter, ou mieux, envisager de changer de métier.

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On entend beaucoup les enseignants se plaindre qu’il est extrêmement difficile de quitter l’Education Nationale une fois qu’on a eu le malheur d’y mettre les pieds. Je pense en fait qu’ils se mettent des barrières eux-mêmes. Manque de confiance en eux, en leurs compétences et en leur capacité à s’adapter à un autre milieu, à une autre vie... alors que leur métier même n’est fait que d’adaptation, à différents établissements scolaires, différents niveaux, différentes matières à enseigner, différents élèves.

C’est quand même triste de voir que les enseignants, qui ont tellement d’atouts, tellement de compétences diverses, ont finalement si peu de confiance en eux. Je pense que ce métier est en réalité mille fois plus difficile au niveau psychologique que « technique », si je peux dire. Il faut être extrêmement fort psychologiquement pour supporter d’être en permanence (mal) jugé, depuis l’élève lui même qui ne les respecte pas, jusqu’à la société toute entière qui les rend responsables de tout, en passant par les parents qui visiblement les critiquent du matin au soir, les inspecteurs qui les descendent à la première occasion... Non mais honnêtement, qui aurait envie de faire ce métier ?

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D’un côté je les plains et c’est sincère, et de l’autre ça m’énerve de les voir se plaindre tout le temps et en même temps ne rien faire pour faire autre chose de leur vie, puisque c’est tellement dur, voire insupportable.

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Il est temps que la société française mette en place de réelles passerelles permettant aux gens de se reconvertir facilement quand ils le souhaitent où quand le besoin s’en fait sentir.

Quant aux enseignants, ils ont clairement besoin que leur « mammouth » mette en place pour eux une médecine du travail, et puis probablement un service de suivi psychologique.


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