Commentaire de Vivre est un village
sur Le virus de la prise de conscience ?


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Vivre est un village Vivre est un village 14 mars 2020 09:35

@Mélusine ou la Robe de Saphir.

Moins faire œuvre de science politique que de conscience politique...

Jacques Généreux : La dissociété

« Voilà, enfin, un ouvrage ambitieux. Économiste bien connu et professeur à Science Po., membre du Conseil national du Parti socialiste, Jacques Généreux ne propose pas moins qu’une critique anthropologique des fondements propres au néo-libéralisme contemporain, une analyse des conséquence de son hégémonie – la restructuration des société de marché en « dissociétés » – et l’esquisse d’une anthropologie alternative propre à inspirer un socialisme libéré tant de son fantasme d’une « hyper-société » collectiviste et productiviste que de la « dérive néolibérale » de la gauche européenne depuis les année 1980. » Revue du Mauss

Tout est dit dans la revue du Mauss. Tout autre commentaire sur son intérêt serait superflu.

Les extraits qui suivent ne sauraient rendre compte avec exhaustivité de la richesse de ce livre dont je vous recommande vivement la lecture instructive et passionnante.

Précision : en ce qui concerne les piliers de la pensée néolibérale dont la description constitue le cœur de cet ouvrage (p223 et suivantes), je vous renvoie à l’ouvrage dont le contenu est si riche que de simples citations auraient été insuffisantes à la bonne compréhension de la démonstration.

4ème de couverture

 »Ce livre est motivé par la conviction qu’à l’époque des risques globaux la plus imminente et la plus déterminante des catastrophes qui nous menacent est cette mutation anthropologique déjà bien avancée qui peut, en une ou deux générations à peine, transformer l’être humain en être dissocié, faire basculer les sociétés développées dans l’inhumanité de « dissociétés » peuplées d’individus dressés (dans tous les sens du terme) les uns contre les autres.

Éradiquer ce risque commande notre capacité à faire face à tous les autres… C’est pourquoi, ici, j’entends moins faire œuvre de science politique que de conscience politique. Car la dissociété qui nous menace n’est pas un dysfonctionnement technique dont la correction appellerait l’invention de politiques inédites. Il s’agit d’une maladie sociale dégénérative qui altère les consciences en leur inculquant une culture fausse mais auto-réalisatrice. »

Morceaux choisis

1) Crise du politique et crise sociale

- La victoire de la peur et la seconde crise du xx’ siècle

[...] Et nous comprendrons bientôt que le néolibéralisme consiste précisément à exploiter la menace de la crise économique pour imposer et justifier une société plus inégalitaire. Nous eûmes donc la crise sociale sans la crise économique, et là se trouve précisément le premier ferment de la crise du politique. Car un cataclysme économique et social universel eût accrédité une interprétation fataliste, limitant la responsabilité politique. Mais, au lieu de cela, nous fûmes confrontés au paradoxe d’une richesse exubérante et croissante qui laissait néanmoins des nations puissantes dans l’incapacité d’éviter la misère ! [...] (p49)

- Le paradoxe de la Puissance impotente des « démocraties »

[...] Ce livre est ainsi motivé par la conviction qu’à l’époque des risques globaux, des risques majeurs, la plus imminente et la plus déterminante des catastrophes qui nous menacent est cette mutation anthropologique déjà bien avancée qui peut, en une ou deux générations à peine, transformer l’être humain en être dissocié, faire basculer les sociétés développées dans l’inhumanité de « dissociétés » peuplées d’individus dressés (dans tous les sens du terme) les uns contre les autres. Éradiquer ce risque commande notre capacité à faire face à tous les autres. Car seules d’authentiques sociétés, soudées par la solidarité et le primat du bien commun sur la performance individuelle, seront en mesure d’atteindre le niveau considérable et inédit de coopération et de cohésion qui sera indispensable, tant au sein des nations qu’entre les nations, pour affronter les deux grands défis du XXIe siècle : éviter une guerre des civilisations, et assurer de façon démocratique le bouleversement des modes de vie et de production sans lequel la planète deviendrait invivable.[...] (p54)

[...] Car la dissociété qui nous menace n’est pas un dysfonctionnement technique dont la correction appellerait l’invention de politiques inédites. Il s’agit d’une maladie sociale dégénérative qui altère les consciences en leur inculquant une culture fausse mais autoréalisatrice.[...](p54)


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